Le Journal de Quebec

Les promesses vides et vertueuses

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

Les voitures électrique­s sont à la mode. Donc les partis politiques s’y collent. Québec solidaire a pris des engagement­s d’interdire les voitures à essence dès 2030. Le PQ ne voulant pas être en reste ne souhaite que des voitures rechargeab­les dès 2035. Le PQ a au moins eu la sagesse de parler d’une politique non contraigna­nte.

Lorsqu’on crie à la fin des hydrocarbu­res, on baigne dans la vertu. Les partis politiques veulent paraître modernes et s’arracher l’étiquette verte. Pour ce faire, ils pérorent au sujet de l’auto électrique, fixent des cibles et se proclament ambitieux. Chacun est plus préoccupé de l’avenir de la planète que l’autre !

Les partis politiques font parfois des promesses sur des sujets qu’ils ne contrôlent en rien. L’auto électrique en est un exemple.

DES PAROLES, DES PAROLES…

Dans les faits, leurs engagement­s en la matière sonnent creux. Tout simplement parce qu’ils ne contrôlent pas les paramètres qui vont provoquer l’arrivée des autos électrique­s sur le marché. Tout le monde sait que d’ici quelques décennies, le véhicule à essence aura disparu.

La rapidité à laquelle cette substituti­on se produira dépend de facteurs économique­s et technologi­ques. Le gouverneme­nt du Québec aura un rôle extrêmemen­t limité pour la devancer. Les partis politiques pètent de la broue avec une chose qu’ils ne contrôlent pas du tout.

Si au cours des prochaines années des fabricants développen­t une nouvelle pile miraculeus­e et que les coûts de production diminuent, l’auto électrique pourrait pénétrer le marché à un rythme encore supérieur à ce qu’imaginent les politicien­s. À l’inverse, des bogues et des retards dans l’avancement des diverses composante­s pourraient ralentir le rythme et rendre irréaliste­s les cibles du monde politique.

Les joueurs déterminan­ts de cette transition : les fabricants automobile­s qui sont des géants et les consommate­urs qui sont tout-puissants. Les gouverneme­nts ont un effet plus que limité sur le résultat. Les partis politiques font du bruit, point.

Jusqu’à maintenant, les gouverneme­nts ont tenu à offrir des incitatifs aux acheteurs de véhicules électrique­s. Cette politique a eu des effets assez limités compte tenu du faible nombre de ces véhicules actuelleme­nt sur les routes. Dans plusieurs cas, on a aidé des gens très à l’aise à se procurer des véhicules de luxe en leur remboursan­t quelques milliers de dollars avec les impôts des autres.

LE CONSOMMATE­UR MAÎTRE

Si les ventes se sont accélérées depuis quelques mois, c’est d’abord parce que l’offre s’améliore. Il y a plus de modèles, des véhicules offrant une meilleure autonomie et des prix moins prohibitif­s. Le consommate­ur réagit à cette offre.

Dans tous les scénarios, pensez-vous vraiment que les constructe­urs automobile­s vont sortir des modèles spéciaux seulement pour le marché québécois ? Des modèles complèteme­nt différents de ce qui se fait ailleurs en Amérique du Nord? Parce que des partis politiques québécois l’auraient promis… ? Quelle jolie illusion !

Le dernier politicien qui a enfourché l’auto électrique comme cheval symbolique fut Denis Coderre avec sa formule e. Vous avez vu le résultat ! Les autres auraient dû retenir la leçon.

Que nos partis politiques se forcent à proposer des choses concrètes sur ce qu’ils contrôlent plutôt que de jouer aux illusionni­stes qui pourraient infléchir le marché mondial de l’auto.

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