Les promesses vides et vertueuses
Les voitures électriques sont à la mode. Donc les partis politiques s’y collent. Québec solidaire a pris des engagements d’interdire les voitures à essence dès 2030. Le PQ ne voulant pas être en reste ne souhaite que des voitures rechargeables dès 2035. Le PQ a au moins eu la sagesse de parler d’une politique non contraignante.
Lorsqu’on crie à la fin des hydrocarbures, on baigne dans la vertu. Les partis politiques veulent paraître modernes et s’arracher l’étiquette verte. Pour ce faire, ils pérorent au sujet de l’auto électrique, fixent des cibles et se proclament ambitieux. Chacun est plus préoccupé de l’avenir de la planète que l’autre !
Les partis politiques font parfois des promesses sur des sujets qu’ils ne contrôlent en rien. L’auto électrique en est un exemple.
DES PAROLES, DES PAROLES…
Dans les faits, leurs engagements en la matière sonnent creux. Tout simplement parce qu’ils ne contrôlent pas les paramètres qui vont provoquer l’arrivée des autos électriques sur le marché. Tout le monde sait que d’ici quelques décennies, le véhicule à essence aura disparu.
La rapidité à laquelle cette substitution se produira dépend de facteurs économiques et technologiques. Le gouvernement du Québec aura un rôle extrêmement limité pour la devancer. Les partis politiques pètent de la broue avec une chose qu’ils ne contrôlent pas du tout.
Si au cours des prochaines années des fabricants développent une nouvelle pile miraculeuse et que les coûts de production diminuent, l’auto électrique pourrait pénétrer le marché à un rythme encore supérieur à ce qu’imaginent les politiciens. À l’inverse, des bogues et des retards dans l’avancement des diverses composantes pourraient ralentir le rythme et rendre irréalistes les cibles du monde politique.
Les joueurs déterminants de cette transition : les fabricants automobiles qui sont des géants et les consommateurs qui sont tout-puissants. Les gouvernements ont un effet plus que limité sur le résultat. Les partis politiques font du bruit, point.
Jusqu’à maintenant, les gouvernements ont tenu à offrir des incitatifs aux acheteurs de véhicules électriques. Cette politique a eu des effets assez limités compte tenu du faible nombre de ces véhicules actuellement sur les routes. Dans plusieurs cas, on a aidé des gens très à l’aise à se procurer des véhicules de luxe en leur remboursant quelques milliers de dollars avec les impôts des autres.
LE CONSOMMATEUR MAÎTRE
Si les ventes se sont accélérées depuis quelques mois, c’est d’abord parce que l’offre s’améliore. Il y a plus de modèles, des véhicules offrant une meilleure autonomie et des prix moins prohibitifs. Le consommateur réagit à cette offre.
Dans tous les scénarios, pensez-vous vraiment que les constructeurs automobiles vont sortir des modèles spéciaux seulement pour le marché québécois ? Des modèles complètement différents de ce qui se fait ailleurs en Amérique du Nord? Parce que des partis politiques québécois l’auraient promis… ? Quelle jolie illusion !
Le dernier politicien qui a enfourché l’auto électrique comme cheval symbolique fut Denis Coderre avec sa formule e. Vous avez vu le résultat ! Les autres auraient dû retenir la leçon.
Que nos partis politiques se forcent à proposer des choses concrètes sur ce qu’ils contrôlent plutôt que de jouer aux illusionnistes qui pourraient infléchir le marché mondial de l’auto.