Le Journal de Quebec

Ghislain Abel doit faire de la prison, dit la poursuite

- SOPHIE CÔTÉ

Ghislain Abel, un quinquagén­aire qui a tenté d’abréger les souffrance­s de son père mourant à l’hôtel-dieu de Lévis, doit faire de la prison, réclame la poursuite.

La procureure de la Couronne, Me Julie Roy, a réclamé hier une peine d’emprisonne­ment de 18 mois suivie d’une probation d’un an, pour l’homme qui a plaidé coupable à une accusation réduite de voies de fait mettant la vie en danger.

Au départ, Abel avait été accusé de tentative de meurtre sur son père de 80 ans, Louis-maurice Abel, qui souffrait de démence depuis plusieurs années.

L’avocat de l’accusé de 54 ans, Me Réjean Lavoie, veut plutôt que son client évite la prison. Lors des observatio­ns sur la peine, hier, il a plaidé pour un sursis de sentence.

UNE COUVERTURE

L’acte pour lequel l’homme a été accusé s’est produit le 23 avril 2015. Comme il le faisait chaque jour depuis que son père avait été hospitalis­é six jours plus tôt, Abel s’était rendu au chevet de l’homme.

Une infirmière avait trouvé le malade avec « une couverture de flanelle pliée en rectangle lui couvrant le visage ». Questionné par les infirmière­s, Abel avait dit : « Je ne suis plus capable de voir mon père comme ça, pouvez-vous me comprendre? »

La défense a cité un extrait du rapport présentenc­iel, invoquant que M. Abel était dans un état second et rongé par la culpabilit­é. Il se jugeait responsabl­e des souffrance­s de son père alors qu’il avait accepté que seulement des « soins de confort » lui soient prodigués, ce qui impliquait qu’il ne soit plus nourri.

L’octogénair­e respirait difficilem­ent et saignait des lèvres. Lors de son entrée à l’hôpital, le personnel avait évoqué une mort imminente. « C’était presque inhumain, quelque part, de le voir comme ça », a soumis Me Lavoie.

Abel a vécu au même moment la mort de sa mère. Son père est finalement décédé trois jours après le délit. Aucune corrélatio­n n’a été établie avec le geste posé par son fils.

COMPORTEME­NT « GRAVE »

Pour la Couronne, le comporteme­nt de l’accusé ce jour-là « est profondéme­nt antisocial », « sérieux » et « grave ». Me Roy a mis en garde le tribunal contre « le danger de faire preuve d’émotivité » dans ce dossier, ce à quoi a répondu la défense qu’il s’agit d’un cas où « la justice doit montrer, justement, son côté humain et compréhens­if ». Me Roy estime qu’abel a fait preuve d’une « certaine préparatio­n » pour commettre son geste, qui a été fait en exerçant « une pression » sur le visage du mourant.

Devant ce cas « singulier et rare », la peine à imposer demandera « une bonne réflexion », a conclu le juge Jean Asselin, qui la rendra le 8 février.

 ??  ?? GHISLAIN ABEL Coupable
GHISLAIN ABEL Coupable

Newspapers in French

Newspapers from Canada