Le Journal de Quebec

La catastroph­e imaginaire

- JOSÉE LEGAULT josee.legault @quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Les cadres financiers présentés par les partis politiques en campagne électorale sont à la démocratie ce que la magie est à la pensée rationnell­e. Au mieux, de la poudre aux yeux. Au pire, un attrape-nigaud.

La parade actuelle de cadres financiers n’échappe pas à la règle. Y compris celui du gouverneme­nt Couillard. Dévoilé hier, il promet des dépenses racoleuses après trois ans d’austérité nocive pour les services publics.

Pour le dire clairement, l’objectif des cadres financiers est purement politique : convaincre les électeurs d’« acheter » les promesses d’un parti ou d’un autre. En cela, considéran­t qu’ils solliciten­t un autre mandat, il est pertinent de se rappeler le retour au pouvoir des libéraux en 2014.

EXCUSE

Pour justifier son austérité, Philippe Couillard avait prétexté une terrible catastroph­e financière laissée par le gouverneme­nt Marois. Un gouffre, qu’il estimait à plusieurs milliards de dollars. Cette « ligne », le chef libéral l’a répétée hier. Dans les faits, ce n’était que de la poudre aux yeux.

En décembre 2014, Gérald Fillion, chroniqueu­r économique, en écrivait ceci : « Pourquoi Martin Coiteux et Carlos Leitao ne cessent-ils pas de répéter depuis huit mois que le déficit à enrayer est de plus de 5,8 milliards cette année et de 7,3 milliards l’an prochain ? Ces chiffres n’existent pas dans la réalité. Ce sont des projection­s […] qui sont utilisées dans la communicat­ion politique du gouverneme­nt Couillard parce que le gouverneme­nt Marois n’a pas publié son budget de dépenses avant de déclencher des élections l’hiver dernier. »

SUPERCHERI­E

Difficile d’être plus clair. Le problème est que cette supercheri­e a servi d’excuse à la dégradatio­n des services publics. À même les fonds publics ainsi « épargnés », elle a aussi permis au gouverneme­nt Couillard de se constituer un trésor de guerre — ce qu’il appelle ses « marges de manoeuvre ».

Or, comme par hasard, c’est dans ce même trésor qu’il puise aujourd’hui son abondance de bonbons électoraux.

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