À la défense du Québec inc.
Il ne fait aucun doute pour Robert Dutton que les sièges sociaux québécois ne bénéficient pas d’une protection adéquate contre les grands prédateurs étrangers. Pire encore, on l’a notamment vu avec RONA et CAMSO, on ne peut même pas compter sur la Caisse de dépôt et placement du Québec pour défendre les intérêts du Québec inc. contre les acquéreurs étrangers. Et encore moins sur Investissement Québec, le bras « entrepreneurship » du gouvernement du Québec.
Que nous manque-t-il ? Tout d’abord, il faut dire qu’on est mal protégé tant au Canada qu’au Québec. Par législation appropriée, il faut donner des outils aux conseils d’administration des entreprises publiques pour leur permettre d’avoir du temps avant de devoir répondre à une offre d’achat non sollicitée. Quand Lowe’s a fait sa première offre, on avait juste une semaine pour répondre. On a réussi à gagner deux semaines, mais c’est insuffisant. C’est par des lois, comme cela existe dans certains États américains, qu’on pourrait mieux se défendre.
Faut-il que Québec intervienne davantage ? L’idée, ce n’est absolument pas que le gouvernement achète toutes les entreprises. Mais il nous faut un meilleur support de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Regardez ce qui vient de se passer avec CAMSO, un véritable fleuron québécois. On a ici un président [de Camso], qui a monté une grande entreprise, qui est minoritaire et qui se fait approcher par une multinationale. Le seul moyen que la Caisse, le principal actionnaire de CAMSO, a trouvé pour permettre au président de se retirer… c’est de vendre finalement l’entreprise à Michelin. Je trouve ça épouvantable.
Que pensez-vous du Fonds de solidarité comme protecteur des entreprises québécoises ?
Le Fonds de solidarité, on les avait approchés pour RONA. Et tout ce qu’ils ont fait, c’est de transférer notre dossier à la Caisse. Le problème du Fonds ? Il est devenu un copier-coller de la Caisse. On l’a vu avec la vente de CAMSO à Michelin. Le Fonds détenait lui aussi un bloc d’actions, qu’il a cédé. Même chose avec RONA.
De tous les financiers avec qui vous avez entretenu des relations d’affaires, qui est votre premier choix ? C’est André Bérard, l’ancien président de la Banque Nationale. C’était un grand banquier. Il travaillait à aider les entrepreneurs québécois. Il était capable de prendre des risques. Il comprenait les entrepreneurs et les aimait.
L’avenir du Québec inc. ? Il y a au Québec de très bons entrepreneurs. Depuis six ans, j’ai visité 300 entreprises au Québec. Malheureusement, plusieurs se font écoeurer par nos institutions. Chez Investissement Québec et la Caisse, ils ne comprennent pas la réalité des entrepreneurs québécois. Au Québec, il nous manque un plan global de développement de nos entrepreneurs. D’abord pour mieux intégrer les changements technologiques, les aider à améliorer leur productivité, les aider à développer leurs ressources humaines, et leur faciliter l’accessibilité à l’international.
POURQUOI SABIA A-T-IL VENDU RONA À LOWE’S ?
SABIA DISAIT QU’ON N’ÉTAIT PAS CAPABLE DE FAIRE CONCURRENCE. C’EST COMME SI NOUS, AU QUÉBEC, ON N’ÉTAIT RIEN. TU ES PRÉSIDENT DE LA CAISSE, PUIS TU PENSES QUE LES QUÉBÉCOIS NE SONT PAS CAPABLES ! – Robert Dutton ex-pdg de RONA