L’hospitalisation d’un membre des Pussy Riot inquiète Trudeau
L’homme, dans un état grave, pourrait avoir été victime d’un empoisonnement
MOSCOU | (AFP) Un membre des Pussy Riot qui avait envahi la pelouse pendant la finale du Mondial-2018 a été hospitalisé dans un état grave à Moscou, a annoncé hier une autre membre de ce groupe russe contestataire, disant ne pas exclure un empoisonnement.
Selon Veronika Nikoulchina, Piotr Verzilov a commencé à se sentir mal mardi soir, quelques heures après un procès auquel elle comparaissait pour désobéissance envers un policier et auquel il s’était déplacé pour la soutenir.
« Dans la soirée, il a commencé à se sentir mal. Il a perdu la vue, sa vue s’est obscurcie. On a mis ça sur le compte de la fatigue, mais c’est devenu pire ensuite, il ne pouvait plus parler, il ne me reconnaissait pas », a déclaré Veronika Nikoulchina, qui est aussi sa compagne, à la radio Echo Moskvy.
« Je n’exclus pas la possibilité qu’il y ait eu une intervention extérieure », a-t-elle ajouté, précisant qu’il fallait attendre les résultats des examens médicaux.
NATIONALITÉ CANADIENNE
Au Canada, le premier ministre Justin Trudeau s’est dit « préoccupé » par les informations concernant Piotr Verzilov, qui a la nationalité canadienne.
« Je peux confirmer que nos responsables consulaires sont entrés en contact avec l’établissement médical où il est retenu », a dit M. Trudeau lors d’une conférence de presse. « C’est une situation préoccupante, évidemment, notamment en raison des actions menées par les Russes ces derniers mois au Royaume-uni ».
Londres accuse Moscou d’être derrière l’empoisonnement en mars dernier en Angleterre de l’ex-espion Sergueï Skripal et de sa fille au Novitchok, un puissant agent innervant, ce que la Russie dément.
Cette affaire a engendré une grave crise diplomatique entre le Kremlin et les Occi- dentaux et abouti à une vague historique d’expulsions croisées de diplomates, ainsi qu’à de nouvelles sanctions économiques contre la Russie.
« Il est trop tôt pour tirer des conclusions sur ce qui s’est passé », a ajouté M. Trudeau. « Tout ce que vous savons, c’est qu’il y a un Canadien qui est à l’hôpital [à Moscou] et nous devons nous assurer qu’il reçoit notre soutien. »
PAS D’ANTÉCÉDENT MÉDICAL
Selon Mme Nikoulchina, l’homme n’avait aucun antécédent médical de ce type et n’avait consommé ni drogue ni alcool.
D’abord hospitalisé au service de réanimation toxicologique d’un hôpital du nord-est de Moscou, il a été transféré hier en soins intensifs dans un autre hôpital réputé, l’institut Sklifossovsky. Une employée de cet établissement a confirmé qu’il se trouvait « dans un état grave » dans un service où sont traités les cas d’empoisonnement.