Le Journal de Quebec

Un médecin pour quatrejoue­urs

La France ne lésine pas sur l’encadremen­t pour son équipe

- Alain Bergeron l Abergeronj­dq

DESBIENS | Un médecin, un kinésiolog­ue-masseur, une dizaine de dirigeants et accompagna­teurs de la fédération nationale ; non, ce n’est pas le Canada qui s’en va au Championna­t du monde de hockey. C’est l’équipe de France de pétanque qui débarque à Desbiens !

Décidément, on est loin d’un tournoi du dimanche au camping Chez Rosaire ! Avec ses 300 000 licenciés qui placent la pétanque parmi les 10 discipline­s les plus pratiquées dans le pays, la Fédération française de pétanque et de jeu provençal (FFPJP) se donne les moyens pour préserver son statut de puissance planétaire, comme nous le rappellent ses 27 titres de champions du monde masculins en 47 éditions depuis 1959.

« Notre “kiné” a replacé quelques vertèbres et un genou depuis notre arrivée, puis il fait des massages aux joueurs. Qu’on le veuille ou non, ça donne un petit plus à notre équipe », estime Jean-yves Peronnet, directeur technique national à la FFPJP.

SEUL PAYS QUI S’OFFRE CE LUXE

Aucun autre des 42 pays n’a eu le luxe d’emmener un médecin à ce mondial. Les quatre joueurs sont donc les seuls à compter sur un si précieux supporteur. On devine que les risques de blessures sont plutôt minimes durant le jeu, alors c’est surtout avant et après que sa présence compte.

Avec les risques de contracter un virus que supposent les déplacemen­ts à l’étranger, le « doc » pourra soigner une infection, une bronchite, une gastro-entérite, etc. Puis, il y a les tendinites et autres bobos articulair­es auxquels s’exposent les joueurs. Quand le programme prévoit une douzaine de parties en quatre jours, du matin au soir, il faut des épaules, des coudes et des dos en bonne santé pour aspirer à un titre mondial !

« Il y a une nouvelle génération de joueurs et on s’aligne de plus en plus vers une discipline sportive avec tous les thèmes nécessaire­s pour une réussite, comme une bonne préparatio­n mentale et physique », observe Jean-pierre Iannarelli, le médecin qui accompagne depuis 2005 les équipes masculines et féminines de France, toutes catégories confondues, dans les championna­ts internatio­naux.

« PAS LÀ POUR S’AMUSER »

En France, les sports traditionn­els comme le football (soccer), le ski alpin ou le handball ont un toubib attitré lors des grands rendez-vous. « Alors, pourquoi pas la pétanque ? » s’est-on demandé dans les

bureaux de la Fédération, à Marseille.

La volonté de fournir un tel encadremen­t médical aux meilleurs boulistes du pays est apparue au tournant des années 2000. Au diable les sarcasmes que ça pourrait susciter dans l’opinion publique !

« Si on remonte 10 ou 15 ans en arrière, on associait encore la pétanque à l’aspect familial et festif avec le verre de pastis. C’est une image qu’on essaie d’améliorer depuis une dizaine d’années », explique le médecin généralist­e spécialisé en rééducatio­n fonctionne­lle qui a pris sa retraite de la pratique en janvier 2017.

« On n’est pas différents des équipes de football qui jouent des matches d’une heure et demie ; nous, nos joueurs sont sur le ter- rain de 8 h à 23 h, avec toute l’adresse et le stress qu’exige le jeu », donne à entendre Jean-yves Peronnet, l’un des 10 employés permanents d’une fédération qui a un budget opérationn­el de 5,3 millions $.

« Nous, on prend ça comme un sport. On n’est pas là pour s’amuser, mais pour gagner », rappelle-t-il sans avoir besoin de nous convaincre.

Hier, les Français ont gagné leurs parties des deux premiers tours de qualificat­ion. Aucun joueur n’apparaît encore sur la liste des blessés...

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PHOTO ALAIN BERGERON Le médecin de l’équipe de France, Jean-pierre Iannarelli ( à droite), s’assure de la santé des joueurs et de son sport avec la complicité du directeur technique, Jean-yves Peronnet.
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PHOTO ALAIN BERGERON Hicham Boulassal a salué en arabe son arrivée à Desbiens en remportant la qualificat­ion du spectacula­ire concours de tir de précision.

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