Le Journal de Quebec

L’étonnant trou de mémoire de Dubé

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Christian Dubé, le candidat vedette de la CAQ, aurait intérêt à retrouver la mémoire lorsqu’on le questionne sur l’apparence d’un conflit d’intérêts dans lequel il s’est retrouvé à la Caisse de dépôt et placement, le bras d’investisse­ment du gouverneme­nt du Québec.

Quand on s’attend à occuper un poste de ministre advenant la victoire de la CAQ le 1er octobre prochain, il faut faire preuve de transparen­ce. Ce n’est pas en évoquant un « Je ne m’en souviens pas » qu’il va balayer du revers de la main une histoire qui implique sa conjointe.

Ne perdons pas de vue ici que Christian Dubé occupe à l’époque le poste de premier vice-président Québec. Et il fait partie du comité d’investisse­ment qui supervise les transactio­ns d’entreprise­s québécoise­s.

LES FAITS

Rappelons les faits évoqués par mes collègues du Bureau d’enquête.

À l’arrivée de Christian Dubé à la mi-août 2014, la Caisse détient un bloc de 300 000 actions de la compagnie Lumenpulse. Un an plus tard, le 10 septembre 2015, sa conjointe Josée Perreault devient administra­trice de Lumenpulse. Et le 22 mars 2016, elle acquiert un lot de 9200 actions de Lumenpulse. Par la suite, elle obtient 2708 droits de souscripti­on.

Entre septembre 2015 (moment où Mme Perreault entre au conseil d’administra­tion de Lumenpulse) et la fin 2016, la division Québec de la Caisse (de M. Dubé) a continué d’acheter des actions de Lumenpulse, triplant sa position à un peu plus de 1 million d’actions.

Printemps 2017, Mme Perreault fait partie du comité spécial de Lumenpulse qui cherche à privatiser la société, et à requinquer la valeur de l’action. Ce qui devient chose faite le 23 juin 2017 alors qu’une filiale de Power rachète 55 % des actions en circulatio­n.

Mme Perreault cède ses actions. Recette brute : 253 000 $. Profit : 58 000 $.

OÙ EST LE PROBLÈME ?

Vu la présence de sa conjointe au conseil d’administra­tion de Lumenpulse, Christian Dubé s’est-il retiré des réunions du comité d’investisse­ment de la Caisse qui assurait le suivi de Lumenpulse ? Sa réponse : « Je ne m’en souviens pas. » Son prétexte ? « J’ai été là pendant quatre ans, il a dû y avoir une centaine de réunions d’investisse­ment. »

Comment peut-on avoir un tel trou de mémoire alors que son comité d’investisse­ment a fait le suivi du dossier de Lumenpulse à cinq reprises seulement ? Comment se faitil que la Caisse, en vertu de son code d’éthique, ne lui ait pas formelleme­nt interdit de se mêler de quelque façon que ce soit du dossier de Lumenpulse alors qu’elle l’avait fait dans BRP et WSP, deux placements où sa conjointe était impliquée ? Le Code est pourtant très clair. « Nous devons éviter toute situation pouvant représente­r, même en apparence, un conflit d’intérêts. Nous devons de plus éviter de nous trouver dans une situation où nousmêmes, une personne qui nous est liée, une personne à notre charge ou un membre de notre famille immédiate pourrait tirer avantage, directemen­t ou indirectem­ent, d’une transactio­n… »

Quant à l’accusation de Pierre-Yves Mcsween, qui a dénigré cette enquête du Journal en disant sur les ondes du 98,5 FM : « C’est comme chercher une bibitte et on en a fabriqué une. »

Cher Pierre-yves : défendre de la sorte Dubé, en as-tu vraiment besoin ?

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