Le Journal de Quebec

Il a peur pour la fortune de son père

Le fils d’un magnat du béton allègue qu’une femme a manoeuvré pour lui soutirer une partie de son argent

- SYLVAIN LAROCQUE

La conjointe d’un magnat du béton dont la fortune est évaluée à 50 millions $ a-t-elle profité de sa maladie d’alzheimer pour lui soutirer une partie de sa fortune ? C’est ce que prétend son fils dans une poursuite explosive.

À partir de 1956, Jacques Corbeil a bâti un empire du béton qui compte aujourd’hui quatre usines sur la Rive-sud de Montréal, à Laval et à Hawkesbury. Il a longtemps été propriétai­re du Château de l’aéroport à Mirabel et d’autres hôtels. Quand il est mort en novembre 2017, à l’âge de 91 ans, il valait 50 millions $.

Atteint de démence, M. Corbeil a toutefois connu une triste fin. Avant même qu’il ne pousse son dernier souffle, sa famille était à couteaux tirés avec Sylvie Bergevin, qui a d’abord joué le rôle de « dame de compagnie » auprès du multimilli­onnaire avant de devenir sa conjointe. Il était séparé de sa femme, mais n’avait jamais divorcé.

Le fils de Jacques Corbeil, Jean, allègue que Mme Bergevin a manoeuvré pour faire en sorte que l’homme d’affaires lui lègue la somme de 6 millions $, ce qui ne reflétait « aucunement sa volonté réelle », selon lui.

Le legs a été fait dans des documents testamenta­ires signés en 2012 et en 2014 alors que M. Corbeil en était à un stade avancé de la maladie d’alzheimer.

HOMME VULNÉRABLE

Mais selon Jean Corbeil, cela faisait plusieurs années que Sylvie Bergevin profitait de la vulnérabil­ité de son père pour s’enrichir. D’après la poursuite déposée à Salaberry-de-valleyfiel­d, elle aurait :

√ « subtilisé des biens » dans l’ancienne maison de Jacques Corbeil située à Bainsville, en Ontario ;

√ « complèteme­nt dégarni deux condominiu­ms » appartenan­t au défunt ;

√ « tenté de se faire rembourser » des factures « qu’elle n’avait pourtant pas payées » ;

√ « demandé des remboursem­ents pour des paiements faits sur sa carte de crédit pour des dépenses n’ayant aucun lien » avec Jacques Corbeil ;

√« conservé diverses sommes d’argent remises en comptant à M. Cor- beil pour son bénéfice personnel ».

La poursuite accuse également Sylvie Bergevin d’avoir acheté une voiture Mercedes-benz alors que « l’invalidité et la corpulence de Jacques Corbeil rendaient illusoire toute tentative de transport de celui-ci dans un tel véhicule ».

IL DÉTESTAIT LA CHALEUR

Jean Corbeil laisse aussi entendre que Sylvie Bergevin s’est servie de son père pour passer l’hiver en Floride, et ce, contre son gré.

« Quand il avait toutes ses facultés, il était notoire que M. Corbeil ne voulait pas prendre de telles vacances et qu’il détestait particuliè­rement aller dans les pays reconnus pour leur températur­e élevée », peut-on lire dans la poursuite.

Ces voyages en Floride auraient entraîné « des désaccords importants » entre Mme Bergevin et la famille en raison de leur complexité et de leurs « effets sur la santé » du vieillard.

Pour chaque périple, il fallait retenir les services d’infirmiers présents en tout temps.

C’est finalement lors du dernier de ces voyages que Jacques Corbeil est décédé.

Selon la poursuite, Sylvie Bergevin n’a pas consulté la famille pour organiser les funéraille­s, en janvier dernier. Celles-ci ont eu lieu à Laval alors que M. Corbeil a passé l’essentiel de sa vie dans la région de Valleyfiel­d. Jean Corbeil se dit en outre incapable de savoir ce qui est advenu de l’urne funéraire de son père.

FEMME « INDIGNE »

Mme Bergevin est donc « indigne de recevoir quelque legs que ce soit de la succession de feu Jacques Corbeil, lit-on dans la poursuite. Celle-ci a profité de la proximité qu’elle avait avec le défunt afin de le contrôler graduellem­ent dans le but de s’accaparer une partie importante de sa fortune et de ses biens ».

« Évidemment, ma cliente va contester le bien-fondé de la réclamatio­n », a réagi au Journal Richard Phaneuf, avocat de Sylvie Bergevin.

La poursuite précise que les deux filles de Jacques Corbeil, Murielle et Gigi, ont obtenu 8 millions $ chacune de leur père alors que Jean a eu droit à 6,5 millions $, somme qu’il souhaite faire porter à 8 millions $.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? Jean Corbeil est aujourd’hui aux commandes de l’entreprise de béton fondée par son père Jacques en 1956 (en mortaise).
PHOTOS COURTOISIE Jean Corbeil est aujourd’hui aux commandes de l’entreprise de béton fondée par son père Jacques en 1956 (en mortaise).

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