Avalanche de fonds publics pour les entreprises
Les emplois promis et les résultats ne suivent pas pour autant
Alors que l’économie roule à plein régime, le gouvernement Couillard a plus que triplé l’aide aux entreprises en un an. Les résultats sont pourtant peu probants.
En 2017-2018, le ministère de l’économie a attribué pas moins de 1,9 G$ en aide aux entreprises. C’est presque autant qu’en 2015-2016, alors que le gouvernement avait injecté 1,3 G$ dans la C Series de Bombardier, la plus importante aide jamais accordée par Québec.
L’avalanche de fonds publics s’est accélérée ces derniers mois. Depuis avril, le ministère de l’économie a versé l’étourdissante somme de 1,4 G$ aux entreprises. À cela s’ajoutent l’aide des autres ministères et les crédits d’impôt, lesquels coûtent 1,3 G$ par année à l’état.
Robert Gagné, professeur à HEC Montréal, déplore que le Québec consacre toujours plus d’argent à l’aide aux entreprises, alors que des études démontrent l’inefficacité de ce modèle de développement économique.
SURTAXER POUR SURSUBVENTIONNER
« Le gouvernement surtaxe les entreprises, et de l’autre côté il les sursubventionne », résume-t-il, en se désolant qu’aucun des grands partis ne remette en question cette façon de faire.
L’économiste souligne que les subventions et prêts à taux préférentiels favorisent certaines entreprises tout en désavantageant celles qui doivent payer des taxes et des impôts plus élevés pour financer ce lourd « appareillage ».
Yves-thomas Dorval, président du Conseil du patronat, croit toutefois que Québec doit donner un coup de pouce aux entreprises qui investissent dans des secteurs comme l’innovation.
« Dans un contexte de concurrence mondiale, elles ne peuvent pas le faire sans l’aide du gouvernement », soutient-il.
DIFFÉRENT POUR LES INVESTISSEMENTS PRIVÉS
Or, même si le Québec est depuis longtemps le champion canadien de l’aide publique aux entreprises, les investissements privés y demeurent largement inférieurs. Les investissements faits par les entreprises québécoises représentaient 15 % du total canadien l’an dernier. C’est mieux que la proportion de 13 % enregistrée en 2014, mais c’est bien moins que le poids du Québec dans l’économie canadienne, qui est de 19 %.
Dans une évaluation du plus gros programme d’aide aux entreprises, Essor, Québec a par ailleurs reconnu, l’an dernier, que seul un emploi promis sur quatre a été créé.
Au lieu de mettre l’accent sur les emplois, le gouvernement devrait plutôt aider les entreprises à améliorer leur productivité, estime M. Gagné.