Une générosité à revoir
Avec sa panoplie de crédits d’impôt, de subventions, de prêts… le gouvernement du Québec est reconnu pour sa grande générosité à l’endroit des entreprises. C’est nous, les champions du Canada à ce chapitre.
Faut-il s’en réjouir ou pas ? Là n’est pas la question. On devrait plutôt se demander si cette généreuse aide financière aux entreprises est accordée adéquatement.
Sur le plan fiscal, les entreprises du Québec bénéficient annuellement de crédits d’impôt et d’avantages totalisant 3,1 milliards $. En plus de recevoir des subventions, des prêts et autres aides financières de l’ordre de 2 à 4 milliards, selon l’année.
D’entrée de jeu, sachez que je ne suis absolument pas contre l’aide financière aux sociétés qui ont pignon sur rue au Québec. Mais…
Avant de l’accorder, encore faudrait-il s’assurer qu’on n’y gaspillera pas notre argent. Pour ce faire, il faut bien entendu évaluer adéquatement les retombées économiques et fiscales que l’aide financière rapportera et tenir compte du nombre d’emplois qui seront créés, maintenus ou sauvés.
Et si au bout de l’exercice le Québec a de bonnes chances de s’en tirer gagnant, bravo, allons-y ! Dans le cas contraire, c’est un pensez-y-bien. Car on parle ici de « donner » de l’argent à des entreprises privées, et non à des organismes à vocation communautaire qui génèrent des retombées sociales.
Pour bien me faire comprendre sur le genre d’aide financière gouvernementale qui n’a pas de bon sens à mes yeux, je vous donne deux exemples.
PREMIER CAS D’ABUS : BOMBARDIER
Que le gouvernement Couillard investisse 1,3 milliard de dollars dans la survie de la C Series, c’était défendable. Mais au lieu d’obtenir en échange de l’investissement un bloc de 49,5 % de la Société en commandite Avions C Series (SCACS), il aurait été préférable de se faire octroyer un bloc d’actions de Bombardier. Question de mieux protéger notre investissement.
À preuve, l’action de Bombardier depuis cet investissement de Québec à l’automne 2015 a triplé de valeur, alors que le placement dans la C Series est demeuré immobile. Pire encore : Bombardier a gratuitement cédé le contrôle de la C Series à Airbus.
Ce n’est pas la seule gaffe que Québec a commise dans cette plantureuse aide financière à Bombardier. Comment se fait-il qu’en échange du 1,3 milliard $ qu’il a investi dans la C Series, le gouvernement Couillard n’ait pas exigé de la part du conseil d’administration de Bombardier de limiter la rémunération de ses hauts dirigeants ? Ces derniers s’apprêtent à empocher 78 millions $ de profit juste avec l’appréciation de leurs options depuis que Québec a investi son 1,3 milliard $ dans la C Series et que la Caisse a injecté 2 milliards $ dans Bombardier Transport.
Le grand patron de Bombardier, Alain Bellemare, va encaisser à lui seul 18 millions $ avec ses options. Il était déjà le dirigeant le mieux payé au Québec, gagnant 13,8 millions $ l’an, soit 134 fois la rémunération moyenne de ses employés.
DEUXIÈME CAS D’ABUS : L’ÉOLIEN
Depuis plusieurs années, rien n’arrête la générosité du gouvernement du Québec envers les entreprises qui oeuvrent dans l’énergie éolienne.
C’est par l’entremise de sa vache à piastres Hydro-québec que le gouvernement gaspille, oh pardon ! qu’il investit dans l’éolien.
Le gouvernement a forcé Hydro à signer des contrats à long terme avec des sociétés propriétaires de projets éoliens alors que la société d’état n’a pas besoin de cette électricité vu ses immenses surplus. Cette obligation d’investir dans l’éolienne fera perdre à Hydro 10 milliards $ d’ici 2026.
Le dernier projet éolien qu’hydro est obligée de financer créera de 10 à 15 emplois. Le coût de ce projet pour Hydro revient à soutenir chaque emploi à hauteur de 4 M$ par année, pendant 25 ans. C’est complètement aberrant!
UNE SUGGESTION
Dans les programmes d’aide financière aux entreprises que le gouvernement du Québec offre, je propose d’inclure une clause obligeant les entreprises à partager avec le gouvernement les profits qu’elles empochent !