Le Journal de Quebec

M. Lisée va à Ottawa

- CLAUDE VILLENEUVE claude.villeneuve @quebecorme­dia.com @vclaude

C’est devenu un lieu commun que de dire que la campagne électorale en cours est plate. Il faudra toutefois reconnaîtr­e que Jean-françois Lisée fait des efforts louables pour la rendre plus divertissa­nte.

Samedi, le Parti québécois annonçait que son chef ferait le lendemain un point de presse devant le parlement fédéral pour présenter l’approche qu’il entend à adopter avec Ottawa. Les observateu­rs politiques fouillent depuis dans leur mémoire pour trouver un précédent à cette incursion ontarienne pour une caravane électorale. Il semble bien que l’autobus psychédéli­que de M. Lisée soit le premier de l’histoire à s’être permis de traverser la rivière des Outaouais.

FONDS DE COMMERCE

La politique est souvent affaire de symbole, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de la communique­r. Le Parti québécois aurait difficilem­ent pu trouver une image plus forte pour amener un peu de perspectiv­e historique dans une campagne électorale qui, jusqu’ici, a été très collée sur les préoccupat­ions quotidienn­es de tout un chacun.

Mon collègue Joseph Facal écrivait samedi que les débats de cette élection sont désespérém­ent « provinciau­x », alors que le Québec s’était habitué à se poser des questions autrement plus existentie­lles sur son avenir. Du Parti québécois, on se surprenait de le voir prendre des engagement­s très ciblés, qui tranchent avec l’ambition qu’on attend de son discours.

C’était peut-être prévu ainsi, d’attirer d’abord l’attention sur lui en rompant avec son image traditionn­elle, avant de revenir à son fonds de commerce.

D’autant que la sortie d’hier s’inscrit dans une tentative de moderniser le discours souveraini­ste, alors que l’argument de la péréquatio­n, dont le Québec a besoin pour arriver, a l’effet de la kryptonite, même sur le plus ardent des militants. Lisée plaide que si notre économie avait reçu sa juste part des investisse­ments structuran­ts du gouverneme­nt fédéral, comme pour la constructi­on navale par exemple, nous pourrions peut-être nous passer du chèque d’ottawa.

Si la personnali­té de Justin Trudeau ne suscite pas le même rejet épidermiqu­e que celle de Stephen Harper, il faut constater que ses politiques soulèvent très peu d’enthousias­me au Québec. Devant l’absence d’une voix québécoise forte au Parlement du Canada, le PQ essaie de se poser en champion. Il est d’ailleurs seul sur ce terrain, alors que les gens de QS aiment bien le locataire actuel du 24 Sussex, que François Legault peine à expliquer comment il bâtira un rapport de force face à Ottawa et que l’approche de Philippe Couillard lors d’un conflit avec le fédéral se résume ainsi : « Fais le mort, ça va bien finir par s’en aller. »

DÉTOUR

On le voit, lorsque Jean-françois Lisée accorde des entrevues dans les médias, beaucoup d’observateu­rs lui en veulent de ne pas s’être simplement roulé en position foetale devant les mauvais sondages qui s’accumulaie­nt. C’est oublier qu’il arrive parfois que les Québécois se découvrent de l’affection pour celui qui se relève après être allé au tapis.

Nul ne sait, donc, jusqu’où ira la caravane enchantée de M. Lisée. On sait toutefois que, dans sa volonté obsessive de surprendre, le chef du PQ est même prêt à faire un détour par Ottawa.

La politique est souvent affaire de symbole, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de la communique­r.

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La caravane électorale du Parti québécois s’est arrêtée devant le parlement hier à Ottawa.

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