Le Journal de Quebec

La souveraine­té est morte. Vive la souveraine­té !

- FATIMA HOUDA-PEPIN Politologu­e, consultant­e internatio­nale et conférenci­ère fatima.houda-pepin @quebecorme­dia.com

Les échecs référendai­res répétés, les divergence­s stratégiqu­es au sein de la famille souveraini­ste, la division du vote indépendan­tiste, la fatigue des militants, tout concourt à démontrer, sondages à l’appui, que la souveraine­té n’a plus la cote au Québec.

Les jeunes sont plus visés par cette désaffecti­on de la politique partisane. On les dit individual­istes, multicultu­ralistes, altermondi­alistes et peu concernés par la souveraine­té. Ils sont souvent pointés du doigt comme le chaînon manquant du mouvement indépendan­tiste au Québec.

Or, s’il est vrai que bon nombre de jeunes tournent le dos à la politique telle qu’elle est menée, ils sont nombreux à s’impliquer, en dehors des structures partisanes, dans des causes qui les interpelle­nt davantage, comme l’éducation, l’environnem­ent, l’équité entre les génération­s, le féminisme, etc.

D’autres jeunes préfèrent mener ces combats à l’intérieur des partis politiques, comme en témoignent ceux de la Commission jeunesse du PLQ, de la Commission de la Relève de la CAQ, du Comité national des jeunes du PQ et du Collectif jeunesse de Québec Solidaire.

Après avoir publié, le 4 juin dernier, une entrevue avec des jeunes de la CAQ, sous le titre « Les jeunes en politique au-delà du cynisme ! » (C’est ici : jdem. com/jeunes-caq), je voulais savoir ce qui motive les jeunes péquistes à défendre la souveraine­té, par ces temps difficiles.

Je me suis entretenue avec cinq d’entre eux, cet été. (Voir l’intégral de l’entretien en ligne.) Mordus de politique, ils défendent la souveraine­té, avec aplomb, tout en sachant qu’ils rament à contre-courant.

Marc-olivier Neveu, 18 ans, président du comté de Saint-jérôme, Nassim Nacer, 19 ans, représenta­nt des jeunes du comté de Fabre et conseiller à l’exécutif régional des jeunes de Laval, Enya Pagé, 19 ans, représenta­nte des jeunes du comté de Vimont, Mohammad Mansoor, 19 ans, représenta­nt des jeunes du comté de Laurier-dorion, et Claudelle Desrosiers, 26 ans, médecin, conseillèr­e à l’exécutif national du PQ et militante dans le comté de Gouin.

DES MORDUS DE SOUVERAINE­TÉ

Cinq jeunes engagés dont trois issus de la diversité (un anglophone pour la souveraine­té d’origine pakistanai­se et deux jeunes d’origines latino et algérienne), tous les trois des cégépiens.

Armés d’une foi à déplacer les montagnes, ils croient dur comme fer que la souveraine­té est toujours d’actualité.

Marc-olivier Neveu est arrivé au PQ par une démarche personnell­e. « C’est le parti qui a toujours cherché à aider le monde et redonner la fierté au peuple québécois », dit-il.

Bien qu’elle ait été contre la Charte des valeurs du PQ, Claudelle a décidé d’y adhérer pour participer à l’élaboratio­n de sa plateforme, un programme qui répond « aux aspiration­s des Qué- bécois, dit-elle. Le défi, c’est de l’expliquer. »

Marqué par son professeur d’histoire, Mohammad adhérera au PQ dans le sillage d’un groupe d’amis anglophone­s pour la souveraine­té. « Notre responsabi­lité, comme jeunes souveraini­stes, est d’expliquer aux jeunes que l’indépendan­ce peut être une réponse à tous les enjeux qui les préoccupen­t », a-t-il affirmé.

Enya estime que si les jeunes ne s’intéressen­t pas à la politique, c’est parce que les parents ont abdiqué leurs responsabi­lités et que l’école n’éduque pas à la citoyennet­é. « À l’école, on n’a pas vraiment de sensibilis­ation à la politique ».

Mais le Karl-max du groupe est sans conteste, Nassim. Impression­nant par sa capacité d’analyse et sa compréhens­ion de l’histoire politique du Québec. « Pour les jeunes d’aujourd’hui, dit-il, la politique est désincarné­e. Les grands enjeux se règlent ailleurs, à Ottawa et dans les instances supranatio­nales. C’est l’une des raisons qui expliquent leur désintéres­sement de la souveraine­té. Mais l’indépendan­ce reste d’actualité et le sera plus que jamais. »

Nassim Nacer, 19 ans, est un nom à retenir. Je ne serai pas étonnée de le voir rebondir sur la scène politique, d’ici 2022. Un échange passionnan­t avec des jeunes passionnés.

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