Le Journal de Quebec

Une armée de motards au palais de justice

Ils voulaient « protéger » une victime d’abus sexuels

- NICOLAS SAILLANT

Une vingtaine de motards vêtus de leurs « patchs » BACA (Bikers Against Child Abuse) se sont présentés au palais de justice pour créer un mur devant un agresseur et ainsi protéger une jeune victime.

La scène était inédite au palais de justice de Québec. D’abord, en début d’après-midi, une vingtaine de motards ont bifurqué dans le stationnem­ent.

Éteignant leur bruyant engin, ceux-ci ont ensuite fait un petit caucus avant de se rendre au deuxième étage, là où l’accusé André Tremblay devait connaître sa sentence sous le coup de 14 h.

PRÉSENTS DEPUIS LES ANNÉES 90

Affichant fièrement leur « patch », le gang se présente comme des « gentils motards ». Présents aux États-unis depuis les années 90, ils se disent, comme leur nom l’indique, des justiciers qui défendent l’intérêt des enfants qui ont été victimes d’agression.

Un « chapitre » existe déjà à Montréal, mais le groupe dit avoir ouvert une nouvelle division en mai dernier à Québec. C’était donc la première fois qu’ils se présentaie­nt au palais de justice de Québec pour assister une victime de 14 ans.

Pour sa part, André Tremblay, un ami de la famille de la victime, a reconnu avoir fait des attoucheme­nts sur l’adolescent­e alors que ceux-ci écoutaient un film. Cette dernière avait d’abord posé sa tête sur Tremblay, qui lui a flatté les cheveux avant de mettre sa main sur ses parties intimes, par-dessus les vêtements.

L’adolescent­e a dénoncé son agresseur à sa mère dès le lendemain. André Tremblay a avoué ses torts disant au juge qu’il allait « le regretter jusqu’à la fin de [ses] jours ».

C’est avec une veste en jeans BACA qu’elle s’est adressée au juge : « J’ai beaucoup de méfiance envers les hommes. »

« INTIMIDATI­ON »

La présence de BACA n’est pas passée inaperçue, les constables spéciaux intervenan­t rapidement auprès d’eux pour qu’ils enlèvent leur veste. L’avocat de l’accusé a pour sa part vigoureuse­ment dénoncé « l’intimidati­on ».

« Parce qu’eux ne croient pas à notre système judiciaire », a lancé bien fort Me Fabien Jean dans le corridor. En salle de cour, le juge a indiqué qu’il ne tolérerait aucune « marque de manifestat­ion » sous peine d’expulsion.

André Tremblay a été condamné à une peine de 90 jours de prison de façon discontinu­e.

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