A-t-on oublié la dette ?
Avec tous ces cadeaux électoraux qu’on nous promet en cette campagne électorale, les partis politiques nous donnent l’impression que le gouvernement du Québec est riche comme Crésus. Et que les rentrées d’argent pour financer les généreux cadeaux ne posent aucun problème.
Grand bien nous fasse ! Les optimistes prévisions de revenus font en sorte que, sur papier, l’argent continue de rentrer à pleine porte, grâce à la solide croissance économique anticipée.
MAIS…
D’entrée de jeu, j’aimerais rappeler aux quatre chefs, Philippe Couillard, Jean-françois Lisée, François Legault et Manon Massé, que les Québécois ont collectivement une méchante dette gouvernementale à supporter.
Selon le compteur de l’institut économique de Montréal (IEDM), notre seule dette du secteur public québécois est rendue à 276 milliards de dollars, soit 20 milliards de plus qu’en 2013. Cela comprend la dette du gouvernement provincial (public, parapublic), celle d’hydro-québec, des municipalités, de nos universités, etc.
Combien par tête de contribuable ? Rien de moins que 66 803 $, pour la dette québécoise seulement. À cela, il nous faut ajouter « notre » part de la dette fédérale, soit 17 852 $. C’est donc dire que chaque contribuable québécois doit collectivement supporter une dette gouvernementale de 84 655 $.
Pour justifier qu’on a les « moyens » de s’endetter de la sorte, nombre de politiciens s’évertuent à nous dire qu’il n’y rien là ou presque, puisque de toute façon le poids de la dette par rapport au PIB (produit intérieur brut) suit une tendance à la baisse.
C’est vrai… mais pour combien de temps ? À l’instar de tous les gouvernements de par le monde, le gouvernement Couillard a eu la chance depuis son arrivée au pouvoir en avril 2014 de voir le service de la dette (frais d’intérêt) baisser malgré l’augmentation de la dette. Grâce à quoi ? À la faiblesse anormale des taux d’intérêt.
Par contre, les banques centrales ont recommencé à serrer le crédit, ce qui pousse les taux d’intérêt à la hausse. Lorsque les gouvernements renouvelleront les emprunts, il leur en coûtera évidemment plus cher pour se refinancer. Le service de la dette ne pourra que se remettre à grimper de façon importante.
Mais à Québec, dans le rapport préélectoral sur l’état des finances de la vérificatrice générale, on ne se soucie guère de la hausse des taux à venir. Les dépenses prévues au cours des cinq prochaines années pour le service de la dette restent au beau fixe ou presque malgré la hausse de la dette.
L’EXERCICE FINANCIER 2022-23 EN EXEMPLE
Tous les partis politiques se réfèrent actuellement au rapport préélectoral sur l’état des finances publiques réalisé par la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc, à partir des prévisions de revenus et dépenses du dernier budget Leitao pour proposer leur propre cadre financier.
Jetons-y un rapide coup d’oeil en se référant, par exemple, à l’exercice 2022-23, qui représente la dernière année du prochain gouvernement. Et c’est l’année où les promesses atteignent le plein coût sur une base annuelle.
La vérificatrice prévoit pour 2022-23 des revenus consolidés de 124,5 milliards $, soit 23 milliards $ de plus qu’en 2016-17. Les dépenses consolidées atteindraient pour leur part près de 120 milliards $, soit 24 milliards $ de plus qu’en 2016-17.
Comme on peut le constater, les recettes et les dépenses déjà prévues sont déjà très élevées.