Washington accuse Pékin d’ingérence
WASHINGTON | (AFP) Le ton est encore monté d’un cran entre Washington et Pékin : Donald Trump a accusé hier la Chine d’essayer d’influencer les élections américaines en ciblant sa base électorale dans la guerre commerciale en cours.
Moins de 24 heures après l’annonce par la Maison-blanche de taxes sur 200 milliards de dollars d’importations chinoises supplémentaires, Pékin – qui a jugé « incertaine » une reprise des négociations – a imposé des droits de douane pour 60 milliards de dollars de biens américains importés.
« Cela aurait dû être fait depuis 20 ans [...] Nous nous sommes fait avoir par la Chine », a martelé le président américain lors d’une conférence de presse, répétant sa priorité : « Protéger les travailleurs américains, protéger les fermiers américains. »
DÉFAITE REDOUTÉE
Mais au-delà de cette surenchère de chiffres, Donald Trump, qui redoute une sévère défaite des républicains au Congrès lors des élections de mi-mandat dans moins de 50 jours, a aussi – fait nouveau – accusé Pékin de tenter de le fragiliser politiquement.
« La Chine a ouvertement indiqué qu’elle tentait activement d’influencer et de changer notre élection en attaquant nos agriculteurs, nos éleveurs et nos ouvriers de l’industrie parce qu’ils sont loyaux à mon égard », a-t-il lancé dans un tweet matinal.
Comme pour mieux s’en convaincre luimême, M. Trump a assuré que les Américains qui subiront les représailles chinoises étaient de « grands patriotes » comprenant la nécessité de passer par cette guerre commerciale pour faire plier la Chine.
ÉTATS CLÉS
La stratégie n’est pas nouvelle, et a également été utilisée par l’union européenne au plus fort des tensions avec Washington : pour espérer faire fléchir le pouvoir américain, appliquer des mesures de rétorsion qui auront un impact palpable dans des États clés susceptibles de basculer d’un camp à l’autre, notamment la Pennsylvanie, le Wisconsin, le Texas, l’illinois.
Les nouveaux tarifs douaniers américains prendront effet le 24 septembre et s’élèveront à hauteur de 10 % jusqu’à la fin de l’année. Le 1er janvier, ils seront portés à 25 %. Des droits punitifs adoptés en juillet et août ciblaient déjà des biens chinois représentant 50 milliards de dollars d’importations annuelles.
Furieuse, la Chine a indiqué qu’elle pourrait ne pas revenir à la table des négociations destinées à trouver un compromis : cette nouvelle salve américaine « ajoute de l’incertitude » aux pourparlers, a insisté Geng Shuang, porte-parole de la diplomatie chinoise.