Le Journal de Quebec

Un ancien membre américain d’al Qaïda raconte son histoire

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PARIS | (AFP) Bryant Neal Vinas est le premier Américain à avoir rejoint les rangs d’al Qaïda après le 11 septembre 2001. Arrêté au Pakistan, jugé aux ÉtatsUnis, récemment libéré, il témoigne de sa vie de « terroriste » : c’était surtout d’un « terrible ennui ». Il a réservé sa première entrevue à CTC Sentinel, la revue mensuelle du Combating Terrorism Center de l’académie militaire de West Point.

« EXTRÊMEMEN­T ENNUYEUX »

« C’était extrêmemen­t ennuyeux », dit-il de la vie dans les camps d’entraîneme­nt d’al Qaïda dans la zone pakistano-afghane. « Il y a des jours où vous ne faites absolument rien. La plupart des gars se plaignent surtout de l’inactivité. Il y avait peu d’opérations et même quand il y en avait, ce n’était pas terrible. »

« Nous vivions dans des maisons de pisé, la nourriture était mauvaise », raconte-t-il.

D’origine hispanique, ayant grandi à Long Island, Bryant Neal Vinas a d’abord tenté, juste après les attentats du 11 septembre, de s’engager dans l’armée américaine. Il en a été chassé après quelques semaines.

Il rencontre alors un ami qui l’initie à l’islam, il se convertit, écoute les sermons antiaméric­ains du prédicateu­r américano-yéménite Anwar al Awlaki et décide de rejoindre, dans la zone pakistano-afghane, un groupe combattant sunnite. Son parcours, qui a été étudié de près par les services de renseignem­ent américains avec lesquels il coopère pleinement après son arrestatio­n au Pakistan en 2008, est déroutant en ce qu’il laisse une grande place au hasard.

RENCONTRES FORTUITES

C’est par des rencontres fortuites, dans des mosquées ou des madrasas (des écoles coraniques) qu’il passe d’un groupe à l’autre, rencontre des membres importants du réseau fondé par Oussama ben Laden sans même savoir vraiment qui ils sont, puis aboutit dans un groupe dont on lui dit, des jours plus tard, qu’il s’appelle Al Qaïda. « Je n’ai jamais dû passer de rituels ou de tests pour être admis », souligne Bryant Neal Vinas.

Il suit des cours sur le démontage/remontage d’armes légères et sur les explosifs. Le jour où il est enfin choisi pour aller attaquer, à la roquette, une base américaine en Afghanista­n, il est déçu : les quatre projectile­s manquent leur cible. Il évoque avec un haut dignitaire d’al Qaïda un éventuel complot contre un train régional à Long Island, mais refuse d’y participer. « À ma connaissan­ce, ça n’a jamais commencé à être organisé. »

Il est condamné en mai 2017 à sa peine déjà effectuée, plus trois mois de prison, et est libéré à la fin de cette année-là.

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