Le Québec pourrait perdre un autre de ses fleurons
Le cinquantième anniversaire d’uni-sélect s’annonce bien triste
En pleine campagne électorale, voilà qu’un autre siège social québécois, celui du distributeur de pièces d’auto Uni-sélect, risque de prendre le chemin de l’étranger.
L’entreprise de Boucherville a annoncé hier matin un « examen des solutions de rechange stratégiques », une façon codée de dire qu’elle se met en vente. Uni-sélect pourrait aussi choisir de céder son importante filiale américaine Finishmaster. C’est la banque américaine J.P. Morgan qui mènera le processus.
« Je trouve ça misérable », a réagi Gaston Trudel, en s’adressant au Journal, lui qui a fondé Uni-sélect à Saint-hyacinthe avec une dizaine d’autres entrepreneurs en novembre 1968.
L’homme de 94 ans ne voit pas d’autre possibilité qu’une vente à des intérêts hors Québec, comme l’a fait un autre grand distributeur québécois, Rona, en 2016.
« C’est ça qui va arriver parce qu’il n’y a personne pour reprendre ça », a-t-il laissé tomber.
AUCUNE PROTECTION
La Caisse de dépôt n’est pas en position de bloquer une vente puisqu’elle détient à peine 1,8 % d’uni-sélect.
De son côté, le Fonds FTQ a investi 71 M$ dans l’entreprise au fil des ans, mais sa participation est de moins de 10 %.
Près de l’entrepôt qui jouxte le siège social, les salariés que Le Journal a rencontrés hier se sont montrés indifférents à une éventuelle vente d’uni-sélect.
« Je n’ai pas d’inquiétudes. On est bien stables », a ainsi affirmé sous le couvert de l’anonymat un travailleur qui revenait de dîner. Selon lui, l’annonce d’hier ne signifie pas que son emploi est menacé.
Michel Nadeau, directeur général de l’institut sur la gouvernance, a eu une réaction plus vive. « Ça m’afflige beaucoup parce que c’est un joyau du Québec inc. », a-t-il confié.
« Est-ce que le conseil d’administration a bien réalisé son mandat ? Est-ce qu’il a bien choisi le PDG ? Je n’ai pas de réponse, mais je sais que le noeud du problème est là. »
PDG EN COLOMBIE-BRITANNIQUE
Depuis août 2015, Uni-sélect était dirigée par Henry Buckley à partir de la Colombie-britannique. Après plusieurs mois de résultats décevants, le conseil de l’entreprise lui a montré la porte hier ainsi qu’à Steven Arndt, grand patron de Finishmaster. Uni-sélect a également revu à la baisse ses prévisions annuelles pour la croissance interne de ses ventes et pour ses marges bénéficiaires.
Le comptable André Courville, qui présidait le conseil d’administration de l’entreprise, agira désormais à titre de PDG intérimaire. L’administratrice Michelle Cormier devient présidente du conseil.
L’action d’uni-sélect a perdu jusqu’à 7,6 % de sa valeur hier matin à la Bourse de Toronto, mais le titre a finalement limité son recul à 1,4 %.