Sombre bilan selon Amnistie internationale et la Ligue des droits et libertés
Amnistie internationale et la Ligue des droits et libertés dénoncent dans un rapport publié hier la force policière utilisée durant le sommet du G7 et le « climat de peur et d’intimidation » dans lequel s’est déroulé l’événement.
Les deux organismes, qui avaient organisé une mission d’observation durant la tenue du G7, déplorent dans leur rapport la présence policière injustifiée et excessive. Cette force répressive a eu pour effet de museler les manifestants et représente selon les organismes une sérieuse entrave à la liberté d’expression.
Geneviève Paul, coauteure du rapport, dénonce le fait que les policiers ont été parfois jusqu’à deux fois et même trois fois plus nombreux que les manifestants, selon les estimations des observateurs.
« Ce qu’on comprend encore moins, c’est qu’avant le G7, dans nos discussions avec les policiers, on nous disait attendre des foules jusqu’à 40 000 personnes. […] Il n’y a toutefois eu aucune réduction des effectifs le 8 et 9 juin après la première manifestation, même si c’était clair que le nombre de manifestants n’atteindrait pas plus que quelques centaines de personnes », fait remarquer Mme Paul.
MÉTHODES ABUSIVES
Largement discutée durant la tenue de l’événement en juin dernier, la question des méthodes de contrôle de foule utilisées par les forces de l’ordre fait également partie intégrante du rapport des deux organismes. Des techniques qualifiées « d’entraves injustifiées » au droit de manifester.
« Toutes les manifestations ont été pacifiques. Malgré ça, nos observateurs ont été témoins d’arrestations où on a eu recours à de la force injustifiée sur des personnes qui ne résistaient aucunement aux arrestations », déplore Geneviève Paul, ajoutant qu’on doit « arrêter de relier systématiquement manifestation et violence ». « Le rôle des policiers est de faciliter le droit de manifester et de s’exprimer. »
17 RECOMMANDATIONS
Au total, Amnistie internationale et la Ligue des droits et libertés soumettent aux différents corps de police et au gouvernement 17 recommandations en lien avec les événements du G7. Parmi celles-ci, on demande au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) de réétudier les dossiers criminels toujours en cours « afin de réévaluer la justification et la pertinence de maintenir les accusations à la lumière des faits révélés ».
« On demande que soient retirées les accusations de ces personnes qui ont pu voir leurs droits violés », insiste Mme Paul.
Les ONG souhaitent aussi que les autorités revoient leurs méthodes dans le but d’assurer la liberté d’expression et le droit de manifester durant des événements du genre.
« Ça a eu un effet dissuasif sur le droit de manifester. On souhaite pouvoir discuter des recommandations avec le ministère de la Sécurité publique. […] C’est tout à fait dans les capacités des autorités de changer les choses. Nous avons des recommandations concrètes qui peuvent être mises en place », assurent les organismes.