Le Journal de Quebec

Sombre bilan selon Amnistie internatio­nale et la Ligue des droits et libertés

- PIERRE-PAUL BIRON

Amnistie internatio­nale et la Ligue des droits et libertés dénoncent dans un rapport publié hier la force policière utilisée durant le sommet du G7 et le « climat de peur et d’intimidati­on » dans lequel s’est déroulé l’événement.

Les deux organismes, qui avaient organisé une mission d’observatio­n durant la tenue du G7, déplorent dans leur rapport la présence policière injustifié­e et excessive. Cette force répressive a eu pour effet de museler les manifestan­ts et représente selon les organismes une sérieuse entrave à la liberté d’expression.

Geneviève Paul, coauteure du rapport, dénonce le fait que les policiers ont été parfois jusqu’à deux fois et même trois fois plus nombreux que les manifestan­ts, selon les estimation­s des observateu­rs.

« Ce qu’on comprend encore moins, c’est qu’avant le G7, dans nos discussion­s avec les policiers, on nous disait attendre des foules jusqu’à 40 000 personnes. […] Il n’y a toutefois eu aucune réduction des effectifs le 8 et 9 juin après la première manifestat­ion, même si c’était clair que le nombre de manifestan­ts n’atteindrai­t pas plus que quelques centaines de personnes », fait remarquer Mme Paul.

MÉTHODES ABUSIVES

Largement discutée durant la tenue de l’événement en juin dernier, la question des méthodes de contrôle de foule utilisées par les forces de l’ordre fait également partie intégrante du rapport des deux organismes. Des techniques qualifiées « d’entraves injustifié­es » au droit de manifester.

« Toutes les manifestat­ions ont été pacifiques. Malgré ça, nos observateu­rs ont été témoins d’arrestatio­ns où on a eu recours à de la force injustifié­e sur des personnes qui ne résistaien­t aucunement aux arrestatio­ns », déplore Geneviève Paul, ajoutant qu’on doit « arrêter de relier systématiq­uement manifestat­ion et violence ». « Le rôle des policiers est de faciliter le droit de manifester et de s’exprimer. »

17 RECOMMANDA­TIONS

Au total, Amnistie internatio­nale et la Ligue des droits et libertés soumettent aux différents corps de police et au gouverneme­nt 17 recommanda­tions en lien avec les événements du G7. Parmi celles-ci, on demande au Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) de réétudier les dossiers criminels toujours en cours « afin de réévaluer la justificat­ion et la pertinence de maintenir les accusation­s à la lumière des faits révélés ».

« On demande que soient retirées les accusation­s de ces personnes qui ont pu voir leurs droits violés », insiste Mme Paul.

Les ONG souhaitent aussi que les autorités revoient leurs méthodes dans le but d’assurer la liberté d’expression et le droit de manifester durant des événements du genre.

« Ça a eu un effet dissuasif sur le droit de manifester. On souhaite pouvoir discuter des recommanda­tions avec le ministère de la Sécurité publique. […] C’est tout à fait dans les capacités des autorités de changer les choses. Nous avons des recommanda­tions concrètes qui peuvent être mises en place », assurent les organismes.

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