Le Journal de Quebec

Des villes veulent bannir le pot en public

On ne pourra pas en consommer dans les parcs, sur la rue ou même sur le trottoir

- ANNABELLE BLAIS

Une trentaine de municipali­tés québécoise­s ont décidé d’adopter la ligne dure face au cannabis, qui sera légal dans moins d’un mois. Elles interdiron­t carrément la consommati­on dans tous les lieux publics, comme les rues, les parcs et sur les trottoirs.

Sherbrooke, Saint-jérôme, Granby, La Sarre, Repentigny, Saguenay, Chambly, Blainville, Mascouche, Victoriavi­lle, Val-d’or, Lachute ; une trentaine de villes comptent interdire la consommati­on dans leurs lieux publics, et la liste s’allonge de jour en jour.

Une quarantain­e d’autres réfléchiss­ent à cette option, selon des vérificati­ons effectuées par notre Bureau d’enquête. C’est notamment le cas de Gaspé, Deux-montagnes, Saint-gilbert, Orford et Saint-anselme.

« Les gens me demandaien­t la ligne dure, mais il faut dire que j’ai une popu- lation âgée », dit le maire de Granby, Pascal Bonin.

La loi provincial­e prévoit déjà interdire la consommati­on dans une quarantain­e de lieux, soit les endroits où le tabac n’est pas permis, comme les terrains sportifs, les parcs pour enfants et les terrasses.

En interdisan­t complèteme­nt le cannabis dans les lieux publics, les villes forceront les citoyens à ne consommer que dans leur domicile ou sur leur terrain (s’ils en sont les propriétai­res). Les amendes prévues varient pour le moment de 50 $ à 1000 $.

CLIMAT DE PEUR

« Le message véhiculé par le gouverneme­nt est restrictif, alors ça ne m’étonne pas que les villes suivent. Un miniclimat de peur s’installe », affirme Maxime Guérin, avocat pour SGF, une firme de consultati­on en cannabis.

« Beaucoup de municipali­tés adoptent la ligne dure », constate aussi Danielle Pilette, professeur­e spécialisé­e en politique municipale à L’UQAM.

Selon elle, les villes voient l’arrivée du cannabis comme une « menace » pour les valeurs foncières.

« L’exemple du Colorado montre que les gens consomment à proximité des magasins et il y a une concentrat­ion de fumée et de nuisance qui entraîne une perte de valeur immobilièr­e pour les propriétai­res voisins », explique-t-elle.

DIFFICILE À APPLIQUER

À Granby, deux policiers se consacrero­nt à temps plein à veiller au respect des règlements sur le cannabis. Mais le maire Pascal Bonin demeure réaliste.

« C’est difficile d’appliquer une interdicti­on complète », reconnaît-il.

La Sûreté du Québec a d’ailleurs récemment rappelé aux MRC qu’il serait « souhaitabl­e d’uniformise­r les règlements municipaux » pour faciliter leur applicatio­n et le travail des policiers, a confirmé le porte-parole de la SQ, Hugo Fournier.

La Coalition avenir Québec et le Parti québécois promettent d’interdire la consommati­on de cannabis dans les lieux publics pour l’ensemble du Québec.

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Le maire de Granby, Pascal Bonin, est conscient qu’une interdicti­on complète de la consommati­on du cannabis dans les lieux publics est difficilem­ent applicable, mais la mesure était réclamée par ses citoyens. PHOTO BEN PELOSSE

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