Les promoteurs immobiliers ont soif de terres agricoles
Depuis cinq ans, ce sont 14 000 hectares qui ont été sacrifiés, selon L’UPA
Les terres agricoles sont plus convoitées que jamais par les groupes immobiliers. Le nombre de transactions impliquant une entreprise agricole avec un fonds ou une société immobilière est passé de 325, en 2009, à plus de 2500, en 2017.
En fait, depuis cinq ans, près de 14 000 hectares de terres agricoles ont été sacrifiés à d’autres usages que l’agriculture, d’après une compilation effectuée par l’union des producteurs agricoles (UPA).
« La ferme moyenne au Québec, c’est 100 hectares. Tous les dix ans, ce qui est perdu, c’est à peu près l’équivalent de l’île de Montréal », a affirmé Marcel Groleau, président général.
Établi à Saint-jean-sur-richelieu, le président des Immeubles Maval, Jean Bourassa, ne cache pas qu’il a fait l’acquisition d’environ 1000 hectares de terres agricoles ces dernières années. La plupart de ces terres appartenaient à des producteurs en difficulté financière. Toutefois, M. Bourassa assure que ces terres ont conservé leur vocation d’origine.
UN FREIN À LA RELÈVE
Lorsqu’il procède à une acquisition, l’homme d’affaires, qui est aussi actif dans le domaine du transport, n’a pas le sentiment de nuire à la relève agricole.
« Pas du tout. J’ai un jeune producteur à qui je louais trois terres, il y a dix ans. Aujourd’hui, il vole de ses propres ailes, mais il n’aurait jamais pu partir à son compte tout de suite », dit-il.
D’après les chiffres de L’UPA, les Immeubles Maval sont à l’origine de 17 transactions dans neuf MRC pour une valeur de 21 M$. Une autre entreprise identifiée par L’UPA, les Immeubles Renaud, serait à l’origine de 23 transactions dans quatre MRC, pour une valeur de 7,7 M$. Le président de la compagnie n’a pas rendu nos appels.
L’UPA lutte intensivement contre l’ac- caparement des terres agricoles. À de nombreuses reprises, l’organisation a décrié le modèle d’affaires de Pangea.
Dans la région de Québec, le projet de construire 6500 unités d’habitation sur les terres des Soeurs de la Charité est décrié par les groupes environnementaux.
« Le modèle de développement des villes qui génère de l’étalement urbain est complètement dépassé », s’indigne Simon Bégin, président de l’institut Jean-garon et membre du groupe Voix citoyenne.
DÉPENDANCE À LA TAXE FONCIÈRE
Selon M. Bégin, tant que les villes seront aussi dépendantes de la taxe foncière, il y aura de la pression pour développer les terres agricoles par des promoteurs.
« Il faut que les villes puissent compter sur une assiette fiscale qui les rend moins dépendantes de l’étalement urbain », a-til dit.
Tous les chefs des partis ont promis de verser un point de pourcentage de la TVQ aux municipalités, ce qui représente plus d’un milliard de dollars par année.