Adapter l’école aux garçons nuirait à leur réussite
Lutter contre le décrochage des garçons en adaptant l’école à leurs intérêts nuit à leur réussite scolaire et à l’égalité des sexes, affirment d’une même voix des organismes communautaires et des syndicats.
Cinq organisations, dont la Centrale des syndicats du Québec, ont profité de la campagne électorale pour réclamer hier des mesures visant à « éliminer la reproduction des stéréotypes sexuels » dans le réseau scolaire, afin de favoriser la réussite pour tous.
« STÉRÉOTYPES SEXUELS »
Cette prise de position s’inscrit dans la foulée du dossier publié par Le Journal au début septembre, dans lequel six des plus grands experts en éducation au Québec présentaient dix solutions pour lutter contre le décrochage des garçons, indique Marie-ève Carpentier, porte-parole du Regroupement des organismes communautaires québécois en lutte au décrochage.
« C’est toujours le même discours, perpétré par les mêmes experts, qui disent qu’il faut des solutions ciblées pour les garçons » qui ont davantage besoin de bouger, alors qu’« au contraire », la recherche démontre que de telles mesures reproduisent « des stéréotypes sexuels qui sont responsables du décrochage scolaire », affirme Mme Carpentier.
Adapter l’école aux besoins et intérêts des garçons fait partie de solutions qui « occultent complètement le décrochage des filles » et « cristallisent des stéréotypes qui nuisent à l’égalité entre les femmes et les hommes », ajoutent les cinq organisations dans un communiqué conjoint.
GARÇONS PLUS VULNÉRABLES
De son côté, le professeur spécialisé en adaptation scolaire Égide Royer, qui a participé au dossier du Journal, persiste et signe. Ne pas reconnaître les difficultés scolaires des garçons est en soi une forme de sexisme, lance-t-il.
Lors de l’entrée à la maternelle, la proportion d’enfants vulnérables dans au moins un domaine du développement est deux fois plus élevée chez les garçons que chez les filles. Parmi les élèves en difficulté dans le réseau scolaire, 65 % sont de sexe masculin.
Par ailleurs, expliquer l’échec scolaire par les stéréotypes sexuels « ne tient tout simplement pas la route » sur le plan scientifique, ajoute M. Royer.