Le moment Parizeau de Lisée
Jean-françois Lisée aime bien nommer des « moments ». Il avait imposé le récit du « moment Péladeau » que le PQ voulait vivre. Il avait moins bien réussi avec son « Jefferson moment », quand il avait défendu la Charte des valeurs dans les journaux américains.
Cette fois-ci, c’est M. Lisée qui aura connu son « moment Parizeau », celui qu’il a tant reproché à son ancien patron qui, le 30 octobre 1995, a préféré livrer un discours amer plutôt que de lire le texte préparé par son scribe.
BOURDE ATTENDUE
En s’adonnant à cette attaque imprévue, mal livrée et complètement incompréhensible contre Manon Massé en début de débat, jeudi dernier, M. Lisée a fait la même chose. Il a laissé parler sa frustration et oublié l’importance du contexte historique en abîmant l’avenir de sa famille politique. Ce faisant, il a abandonné les gens qui consacrent leur vie professionnelle à le soutenir, les femmes et les hommes qui l’accompagnent dans cette aventure comme candidats et les militants qui travaillent pour lui sur le terrain.
À la décharge de Jean-françois Lisée, il n’aura pas commis cette bourde, que tout le monde attendait tôt ou tard, un soir aussi important que celui d’un référendum. À son passif, il faudra toutefois ajouter qu’il aura fait cette erreur au pire moment, alors que la messe n’était pas encore dite et que son parti était en position de devancer la CAQ, le vrai adversaire aux yeux des gens qu’il devait convaincre.
SEUL IMPUTABLE
Jusque-là, M. Lisée menait une campagne réussie, portant courageusement la bannière d’un parti pour lequel le poids de l’histoire est lourd et dont les difficultés étaient loin d’être seulement de sa faute. En vandalisant le momentum qu’il avait lui-même bâti, le chef actuel du Parti québécois a donné raison à tous ceux qui disaient qu’il n’avait pas le jugement nécessaire pour occuper cette fonction. Il sera désormais le seul imputable pour la quatrième place qu’il recueillera le 1er octobre.