Le Journal de Quebec

LA PÉNURIE DE MAIN-D’OEUVRE FAIT MAL À NOS COMMERCES

- PIERRE-PAUL BIRON

La propriétai­re d’une épicerie du Vieux-québec, sur le point d’accoucher, n’a d’autre choix que de tenir son commerce à bout de bras, faute de maind’oeuvre. À 37 semaines de grossesse, Cynthia Laflamme doit faire la caisse, remplir les étagères, assurer l’inventaire et faire les commandes de sa petite épicerie du Vieux-québec.

« On a dû fermer plus tôt tout l’été parce que je n’avais pas de monde pour travailler le soir. Et là, je serais censée être arrêtée, mais je n’ai pas d’autre choix. Si j’accouche demain ou la semaine prochaine, je suis tellement à court de monde que je vais devoir mettre une pancarte dans la porte qui dit : “Désolée, Naomie est née, je dois fermer quelques jours” », affirme Mme Laflamme, qui est propriétai­re du Marché d’emma depuis un an et demi.

CANDIDATS EXIGEANTS

La femme d’affaires a mis plusieurs employés à l’essai au cours des derniers mois, mais rares sont ceux qui sont restés.

« On m’a souvent demandé de payer au noir pour pas qu’ils soient coupés de l’aide sociale ou on me dit qu’ils ne peuvent pas faire beaucoup d’heures parce que leurs allocation­s familiales seront coupées. Ça prendrait des gens qui veulent travailler pour vrai », raconte la femme d’affaires qui a réagi en voyant la sortie du grand patron de Chocolat Favori plus tôt cette semaine.

« De voir Dominique Brown faire de la caisse trois heures, ça m’a fait sourire. On est tous dans cette situation-là, même à 37 semaines de grossesse ! »

MAUVAIS POUR L’ÉCONOMIE

Débordante de projets pour son magasin, l’entreprene­ure se voit maintenant dans l’obligation de tout mettre sur pause, à regret. « Je devrais encourager les bonnes idées et l’initiative de mes employés, mais là je dois répondre : “Et qui va s’en occuper ?” Finalement, ce manque de main-d’oeuvre freine l’économie », déplore Mme Laflamme.

Malgré la difficulté à recruter, la propriétai­re ne perd pas espoir de trouver quelques perles rares pour venir l’appuyer. « J’en suis rendu à dire aux gens qui viennent porter un CV de rester quelques heures immédiatem­ent pour essayer. Je ne prends pas le risque de les laisser repartir », lance-t-elle en riant, les deux mains bien installées sur son ventre tout rond.

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PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Cynthia Laflamme pourrait accoucher d’un moment à l’autre, et malgré cela, elle tient le fort dans son épicerie, le Marché d’emma. À 37 semaines de grossesse, elle n’a pas suffisamme­nt d’employés pour faire fonctionne­r le commerce.

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