Des mois pour rebâtir
Les intempéries prévues demain pourraient aggraver les dommages causés aux immeubles
GATINEAU | Même si la reconstruction des immeubles endommagés par la tornade historique de vendredi soir prendra des mois, les travailleurs sont déjà engagés dans une course contre la montre pour rebâtir temporairement les toits avant les pluies prévues pour demain.
« Il y en a pour des mois. La majorité [des immeubles] ici, il n’y aura rien de reconstruit avant le printemps prochain [...] C’est tout un défi de reconstruction », estime Earl Laforest, président de JPL Après Sinistre, une firme basée en Outaouais. Et on parle de millions, des dizaines de millions $. »
Les travailleurs étaient à pied d’oeuvre hier pour nettoyer et reconstruire. On entendait les marteaux et les scies à chaîne des ouvriers qui s’affairaient.
« Certains édifices devront être démolis et reconstruits », renchérit le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-jobin, qui estime aussi que les travaux prendront du temps dans ces cas-là.
Le secteur Mont-bleu, à Gatineau, a été un des plus violemment frappés par la tornade. Plus de 200 bâtiments ont été touchés, dont 55 lourdement endommagés.
Des centaines de personnes ont été évacuées de 1686 logis.
Les sinistrés ont décrit les toits, les tables de pique-nique et les voitures qui se sont envolés, laissant le quartier avec des allures de zone de guerre. Certains d’entre eux ont pu rentrer chez eux déjà, d’autres ont dû se contenter d’aller récupérer quelques effets et animaux de compagnie hier.
AVANT LA PLUIE
Mandaté pour veiller aux travaux de plusieurs dizaines d’immeubles de la zone frappée, M. Laforest évaluait la tâche à abattre au pas de course hier, se sachant engagé dans une course contre la montre.
La priorité est de « fermer » les toits éventrés par la tornade pour éviter que les 20 à 30 mm de pluie prévus demain n’aggravent les dommages, explique-t-il.
Pendant ce temps, les équipes de la Ville sont aussi au travail. « On a énormément de cols bleus sur le terrain en train de faire le nettoyage, et ce, depuis pratiquement les minutes après la tornade. Nos cols bleus sont au travail nuit et jour », précise le maire.
VIE PAS FACILE
Mais le plus gros défi de la Ville reste d’aider les sinistrés de ce secteur défavorisé.
« C’est des gens qui avaient déjà une vie pas facile parce qu’ils n’avaient pas beaucoup de revenus, et là, ils sont frappés. Les programmes gouvernementaux agissent surtout à l’aide d’urgence, mais après ça, il faut se refaire une vie », lance-t-il, appelant à des dons en argent à la Croix-rouge.
« C’est plus pour mes locataires [que c’est grave], mais ça m’a fait de quoi quand j’ai vu ça. Ça m’a touché. C’est mon premier bloc. C’est mon bébé. » - Mathieu Guillemet, 43 ans, propriétaire d’un immeuble dont le toit a été arraché « On parle d’une soixantaine de poteaux cassés, déracinés, arrachés [...] On ne sait pas encore quand l’électricité sera de retour parce qu’on n’a pas encore commencé la reconstruction. Il faut reconstruire le réseau complètement. » - Cendrix Bouchard, porteparole d’hydro-québec
Des centaines de sinistrés de la tornade qui a ravagé un quartier de Gatineau vendredi ne savaient toujours pas hier quand ils pourraient retourner chez eux.
« On m’a dit que ça prendrait une semaine. C’est long de dormir dans son auto tout ce temps. Par chance, je peux aller chez mes soeurs », soupire Aurel Proulx dont le logement était pourtant intact.
Hier, les 237 sinistrés qui ont été hébergés au Cégep de l’outaouais ont été transférés au centre communautaire Père Arthur-guertin dans des autobus de la Société de transport de l’outaouais.
En après-midi, des dizaines de sinistrés aux visages longs attendaient patiemment de s’enregistrer auprès de la Croix-rouge.
Entre les tables longues disposées dans le centre, des enfants couraient entre des familles visiblement au bout du rouleau.
L’organisme prévoyait y loger une centaine de personnes sur des lits de camp hier soir.
Plus d’une cinquantaine de chambres d’hôtel avaient aussi été mises à la disposition des familles avec de jeunes enfants et des personnes âgées.
« Tout ce qu’on a, c’est le linge qu’on a sur nous, donc désolé si ça sent », a lancé à la blague Normand Côté.
Lui et sa femme ne savaient toujours pas quand ils pourraient retourner à leur appartement après être partis en trombe après la tornade en emportant avec eux leur petit chien.
RISQUE D’« ACCIDENTS GRAVES »
Déjà, les résidents de la « zone rouge » où des toits de maison ont carrément été arrachés ont été avertis qu’ils ne pourraient pas y retourner hier soir, même pour aller chercher des vêtements.
« Vous risquez des accidents graves », a averti le chef du service incendie, Denis Doucet, devant une foule bruyante.
« Des écorchures, ce n’est pas grave, mais recevoir un mur de brique dans le dos ou passer à travers le plancher [...] ce n’est pas drôle », a-t-il ajouté.
La réintégration complète de ces résidents pourrait prendre plusieurs mois, alors que certains bâtiments devront être reconstruits en partie et d’autres en totalité.