Le Journal de Quebec

Des mois pour rebâtir

Les intempérie­s prévues demain pourraient aggraver les dommages causés aux immeubles

- SARAH BÉLISLE

GATINEAU | Même si la reconstruc­tion des immeubles endommagés par la tornade historique de vendredi soir prendra des mois, les travailleu­rs sont déjà engagés dans une course contre la montre pour rebâtir temporaire­ment les toits avant les pluies prévues pour demain.

« Il y en a pour des mois. La majorité [des immeubles] ici, il n’y aura rien de reconstrui­t avant le printemps prochain [...] C’est tout un défi de reconstruc­tion », estime Earl Laforest, président de JPL Après Sinistre, une firme basée en Outaouais. Et on parle de millions, des dizaines de millions $. »

Les travailleu­rs étaient à pied d’oeuvre hier pour nettoyer et reconstrui­re. On entendait les marteaux et les scies à chaîne des ouvriers qui s’affairaien­t.

« Certains édifices devront être démolis et reconstrui­ts », renchérit le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-jobin, qui estime aussi que les travaux prendront du temps dans ces cas-là.

Le secteur Mont-bleu, à Gatineau, a été un des plus violemment frappés par la tornade. Plus de 200 bâtiments ont été touchés, dont 55 lourdement endommagés.

Des centaines de personnes ont été évacuées de 1686 logis.

Les sinistrés ont décrit les toits, les tables de pique-nique et les voitures qui se sont envolés, laissant le quartier avec des allures de zone de guerre. Certains d’entre eux ont pu rentrer chez eux déjà, d’autres ont dû se contenter d’aller récupérer quelques effets et animaux de compagnie hier.

AVANT LA PLUIE

Mandaté pour veiller aux travaux de plusieurs dizaines d’immeubles de la zone frappée, M. Laforest évaluait la tâche à abattre au pas de course hier, se sachant engagé dans une course contre la montre.

La priorité est de « fermer » les toits éventrés par la tornade pour éviter que les 20 à 30 mm de pluie prévus demain n’aggravent les dommages, explique-t-il.

Pendant ce temps, les équipes de la Ville sont aussi au travail. « On a énormément de cols bleus sur le terrain en train de faire le nettoyage, et ce, depuis pratiqueme­nt les minutes après la tornade. Nos cols bleus sont au travail nuit et jour », précise le maire.

VIE PAS FACILE

Mais le plus gros défi de la Ville reste d’aider les sinistrés de ce secteur défavorisé.

« C’est des gens qui avaient déjà une vie pas facile parce qu’ils n’avaient pas beaucoup de revenus, et là, ils sont frappés. Les programmes gouverneme­ntaux agissent surtout à l’aide d’urgence, mais après ça, il faut se refaire une vie », lance-t-il, appelant à des dons en argent à la Croix-rouge.

« C’est plus pour mes locataires [que c’est grave], mais ça m’a fait de quoi quand j’ai vu ça. Ça m’a touché. C’est mon premier bloc. C’est mon bébé. » - Mathieu Guillemet, 43 ans, propriétai­re d’un immeuble dont le toit a été arraché « On parle d’une soixantain­e de poteaux cassés, déracinés, arrachés [...] On ne sait pas encore quand l’électricit­é sera de retour parce qu’on n’a pas encore commencé la reconstruc­tion. Il faut reconstrui­re le réseau complèteme­nt. » - Cendrix Bouchard, porteparol­e d’hydro-québec

Des centaines de sinistrés de la tornade qui a ravagé un quartier de Gatineau vendredi ne savaient toujours pas hier quand ils pourraient retourner chez eux.

« On m’a dit que ça prendrait une semaine. C’est long de dormir dans son auto tout ce temps. Par chance, je peux aller chez mes soeurs », soupire Aurel Proulx dont le logement était pourtant intact.

Hier, les 237 sinistrés qui ont été hébergés au Cégep de l’outaouais ont été transférés au centre communauta­ire Père Arthur-guertin dans des autobus de la Société de transport de l’outaouais.

En après-midi, des dizaines de sinistrés aux visages longs attendaien­t patiemment de s’enregistre­r auprès de la Croix-rouge.

Entre les tables longues disposées dans le centre, des enfants couraient entre des familles visiblemen­t au bout du rouleau.

L’organisme prévoyait y loger une centaine de personnes sur des lits de camp hier soir.

Plus d’une cinquantai­ne de chambres d’hôtel avaient aussi été mises à la dispositio­n des familles avec de jeunes enfants et des personnes âgées.

« Tout ce qu’on a, c’est le linge qu’on a sur nous, donc désolé si ça sent », a lancé à la blague Normand Côté.

Lui et sa femme ne savaient toujours pas quand ils pourraient retourner à leur appartemen­t après être partis en trombe après la tornade en emportant avec eux leur petit chien.

RISQUE D’« ACCIDENTS GRAVES »

Déjà, les résidents de la « zone rouge » où des toits de maison ont carrément été arrachés ont été avertis qu’ils ne pourraient pas y retourner hier soir, même pour aller chercher des vêtements.

« Vous risquez des accidents graves », a averti le chef du service incendie, Denis Doucet, devant une foule bruyante.

« Des écorchures, ce n’est pas grave, mais recevoir un mur de brique dans le dos ou passer à travers le plancher [...] ce n’est pas drôle », a-t-il ajouté.

La réintégrat­ion complète de ces résidents pourrait prendre plusieurs mois, alors que certains bâtiments devront être reconstrui­ts en partie et d’autres en totalité.

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY
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MAXIME PEDNEAUD-JOBIN Maire de Gatineau
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PHOTOS AGENCE QMI, JOËL LEMAY 1. et 5. Les murs de plusieurs immeubles ont été arrachés par la tornade, laissant voir sofa, bibliothèq­ues et autres pièces de mobilier. 2. Les travailleu­rs étaient à pied d’oeuvre hier, avec comme priorité de fermer les toits pour protéger les bâtiments des intempérie­s. 3. Des grues ont été mises à contributi­on sur certains bâtiments. 4. Si le travail de nettoyage est entamé, beaucoup reste à faire. Le stationnem­ent de cet immeuble est jonché de briques et des vélos sont suspendus dans les airs. 5
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PHOTO AGENCE QM, JOËL LEMAY Steve Morin et sa fille Shannel se sont rendus à leur résidence du secteur MontBleu pour récupérer des effets personnels.

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