Le Journal de Quebec

La pensée magique de Québec solidaire

- Marcel Perron

Comme une Cendrillon, QS roule dans un carrosse doré de promesses utopiques pour séduire son prince charmant électoral. Dans son monde imaginaire, ce parti s’invente des fruits qu’il prétend cueillir auprès des plus riches, comme si les dollars poussaient dans les arbres. À la manière d’un magicien, il saupoudre ses promesses électorale­s souvent irréalisab­les auprès d’une population qui se laisse entraîner dans ce rêve éveillé.

En effet, même si le programme de QS peut sembler séduisant au premier abord, sa réalisatio­n est à haut risque. Si le projet de hausses substantie­lles des impôts des grosses compagnies et des particulie­rs les plus riches est populaire, si la nationalis­ation des banques frappe l’imaginatio­n, si la promesse d’un système d’éducation gratuit de la maternelle au doctorat peut retenir l’attention, tout cela relève d’un changement de paradigme dans l’organisati­on socio-économique de la société.

Que nous le voulions ou pas, le modèle néolibéral s’est imposé en Occident et toute dérogation comporte un prix à payer. Si la population québécoise est frileuse à l’idée d’une souveraine­té politique dans le cadre d’une économie de marché, la propositio­n de QS devrait les effrayer au plus haut point, car derrière cette belle façade se cache un projet de société hasardeux.

Il est facile d’être idéaliste et utopique pour un parti qui est loin du pouvoir, cela lui confère une liberté quasi illimitée. Si l’arrivée de nouvelles idées est rafraîchis­sante, l’impossibil­ité de leurs réalisatio­ns ne contribue-t-elle pas à alimenter un cynisme ambiant ? À vouloir trop faire rêver la population votante, ne risque-t-on pas de désillusio­nner l’électorat qui aura un réveil pénible après l’heure du minuit fatidique ?

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