Le Journal de Quebec

Les familles encore et toujours désavantag­ées face à l’impôt

- Emmanuelle Gril

La fiscalité des familles est inéquitabl­e et les pousse à faire des choix parfois difficiles, souvent au détriment de leurs propres besoins, selon une nouvelle étude.

Les familles ont bien changé depuis la mise en place de la fiscalité canadienne, il y a 100 ans. Unions de fait, familles monoparent­ales ou recomposée­s ont modifié le paysage. Or, les règles fiscales n’ont pas évolué au même rythme et ne tiennent pas compte de ce nouveau contexte, révèle une étude effectuée par des experts de Raymond Chabot Grant Thornton et de l’école des sciences de la gestion de l’université du Québec à Montréal. Les auteurs de cette recherche préconisen­t d’ailleurs une refonte du système fiscal pour assurer une plus grande équité des règles qui s’appliquent aux familles.

LES BESOINS MIS DE CÔTÉ

L’étude démontre que le manque de neutralité est si flagrant vis-à-vis des familles que celles-ci sont amenées à prendre des décisions en fonction des règles fiscales au lieu de prioriser leurs propres besoins.

« Dans l’étude, nous nous sommes demandé si la fiscalité était neutre par rapport au profil social de la famille, au statut juridique de l’union – mariage ou conjoints de fait – ou à la classe économique de la famille », explique l’un des auteurs, Luc Lacombe, associé directeur en fiscalité chez Raymond Chabot Grant Thornton.

« En analysant sept thèmes, soit le bienêtre économique, le logement, les études des enfants, l’épargne pour la retraite, les autres épargnes, la retraite et le décès, nous avons constaté que dans 70 % des situations étudiées, le système fiscal faisait preuve d’un important manque de neutralité », ajoute M. Lacombe. Résultat : certaines familles et décisions sont favorisées par le système fiscal, alors que d’autres sont désavantag­ées.

DES INIQUITÉS CRIANTES

Par exemple, selon les lois actuelle- ment en vigueur, un enfant n’est plus à la charge de ses parents dès qu’il atteint l’âge de 18 ans, et ce, même s’il est aux études et qu’il habite encore dans la résidence familiale. « Même s’ils soutiennen­t financière­ment leur enfant de plus de 18 ans, les parents ne reçoivent plus de prestation­s ou d’allocation­s et les déductions possibles sur le plan fiscal sont minimes », déplore Luc Lacombe. Cette situation lèse particuliè­rement les familles monoparent­ales et à faible revenu.

Autre facteur d’iniquité : pour se constituer un patrimoine, les familles doivent choisir entre divers régimes d’épargne (CELI, REER, REEE, etc.). Celles dont les revenus sont limités sont obligées de faire des choix et de prendre des décisions parfois au détriment de leurs besoins réels.

Les familles en affaires n’échappent pas à cette réalité et font, elles aussi, face à des difficulté­s dans plusieurs situations, comme le transfert d’entreprise.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada