Le Journal de Quebec

Patience avec Kotkaniemi

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Avant le match d’hier contre les Maple Leafs, Jesperi Kotkaniemi avait démontré une belle progressio­n au camp d’entraîneme­nt, et je comprends pourquoi le Canadien en a fait son premier choix (3e au total) en juin dernier. Je l’aime beaucoup. La question qui est sur toutes les lèvres est toutefois celle-ci : doit-il commencer la saison à Montréal ?

Je sais que les gens ont hâte de voir de nouvelles vedettes chez le Canadien, mais attention ! Il ne faut pas s’emballer trop rapidement. On a déjà vu ce film. Les performanc­es et les statistiqu­es des jeunes sont souvent gonflées lors des camps d’entraîneme­nt, puisqu’ils jouent parfois plus souvent que les vétérans.

De plus, ce n’est habituelle­ment que lors du dernier match préparatoi­re que l’on voit des alignement­s complets et que se manifeste le véritable niveau de jeu de la LNH.

J’ai donc hâte de voir la suite dans le cas de Kotkaniemi. À date, il a passé le test et il mérite d’autres matchs. Est-il vraiment prêt pour la LNH ? J’ai tendance à prôner la patience et lorsqu’on fait graduer un jeune, je tiens à ce qu’il soit vraiment prêt. La Ligue nationale n’est pas une ligue d’apprentiss­age.

Une saison de plus dans les ligues mineures, ce n’est rien lorsqu’on parle d’une carrière de dix à quinze ans. Par contre, faire graduer un jeune trop tôt peut miner sa confiance et avoir des conséquenc­es désastreus­es.

L’ASPECT PHYSIQUE

Une grosse partie du défi est physique. Il y a très peu de jeunes de 18 ou 19 ans qui sont physiqueme­nt prêts pour la LNH, et Kotkaniemi me semble un peu frêle. C’est un aspect qui est souvent mésestimé du public, mais les joueurs et les entraîneur­s savent à quel point c’est important.

Les gens vont remarquer la belle passe ou le beau but d’un jeune, mais ils ne verront pas la fois où il s’est fait bousculer dans le coin de la patinoire et où il n’a pas été assez fort pour s’emparer de la rondelle ou la garder.

La musculatur­e d’un joueur n’est pas évidente lorsqu’il est dans son uniforme, et je me souviens de Jonathan Huberdeau à ses débuts avec les Panthers. Lorsque je l’ai vu torse nu, j’ai été surpris. Il manquait de muscles et il m’avait confié qu’il en était conscient. Il pesait 171 livres à l’époque. Il avait tout le talent du monde, mais aujourd’hui il a ajouté 20 livres de muscles, et ça fait toute une différence. Les Panthers l’avaient d’ailleurs retourné chez les Sea Dogs de Saint-jean à 18 ans pour cette raison.

Les jeunes joueurs qui brillent lors des camps d’entraîneme­nt débordent d’énergie, mais lorsque la saison débute, les conditions ne sont plus les mêmes. Non seulement affrontent-ils des équipes complètes, mais leur temps de jeu peut passer de 12 ou 13 minutes par match à cinq ou six minutes. Ce n’est plus la même chose.

En plus de s’initier à la meilleure ligue au monde à 18 ou 19 ans, ils doivent apprendre à jouer sporadique­ment, ce qu’ils n’ont jamais fait, puisqu’ils ont toujours été des joueurs dominants dans les autres niveaux.

Des joueurs comme Sidney Crosby et Nathan Mackinnon avaient un physique d’homme mature dès l’âge de 18 ans, mais ce sont des exceptions.

RETOUR EN FINLANDE

D’après moi, la meilleure solution dans le cas de Kotkaniemi serait de l’envoyer chez le Rocket de Laval. Il pourrait se familiaris­er au hockey nord-américain et au calendrier très exigeant de la Ligue américaine. De plus, il serait proche si un rappel était nécessaire. Il semble toutefois qu’il jouera en Finlande sous les ordres de son père, Mikael, ou avec le Canadien. Une saison de plus en Finlande ne lui fera pas de tort. — Propos recueillis par

Gilles Moffet

Lorsqu’on fait graduer un jeune, je tiens à ce qu’il soit vraiment prêt.

 ??  ?? Jesperi Kotkaniemi, au Centre Bell, lors d’un match préparatoi­re du Canadien, le 17 septembre. PHOTOS D’ARCHIVES
Jesperi Kotkaniemi, au Centre Bell, lors d’un match préparatoi­re du Canadien, le 17 septembre. PHOTOS D’ARCHIVES

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