Le Journal de Quebec

Un Québec plus divisé que jamais

- JOSÉE LEGAULT josee.legault @quebecorme­dia.com

La campagne électorale s’achève. Enfin !, s’écrie- ront sûrement plusieurs. Elle est pourtant le reflet parfait de l’état courant de la société québécoise et de sa classe politique – les deux étant plus divisées que jamais. Le 1er octobre, les Québécois iront en effet voter sur fond d’un paysage politique éclaté.

Fini l’alternance du dernier demi-siècle entre le Parti québécois et le Parti libéral du Québec. Avec le recul notoire du PQ et la montée de la CAQ et de Québec solidaire, le multiparti­sme s’installe à demeure. Le Québec est passé d’une polarisati­on fédéralist­e-souveraini­ste à une division marquée sur des enjeux de gouvernanc­e plus provincial­e.

Face à un bloc libéral figé chez les anglophone­s, pour la majorité francophon­e, toutes origines confondues, cela n’augure rien de bon. Sous toutes ses formes, la question nationale, exclue d’office de la campagne, en est la première victime.

INEXORABLE

Pour le seul État francophon­e d’amérique, la résultante est inexorable. De plus en plus marginalis­é dans la fédération canadienne, politiquem­ent et démographi­quement, un Québec aussi divisé en son propre sein ne fera qu’en accélérer le mouvement.

La boucle post-référendai­re se referme. Le fédéralism­e renouvelé n’est plus qu’une illusion. Largué implicitem­ent par le PQ depuis des années, le projet souveraini­ste est mis de côté explicitem­ent. Quant aux 18-34 ans, nés dans ce même silence post-référendai­re, la majorité y est carrément indifféren­te.

En cela, l’événement le plus déterminan­t du mandat qui se termine est sans nul doute la démission pour des raisons familiales de Pierre Karl Péladeau comme chef du Parti québécois en mai 2016. Sous sa direction, la souveraine­té comme objet de débat et d’action politique opérait un retour.

Dans les sondages, les appuis au PQ et à son option, y compris même chez les plus jeunes, amorçaient une remontée. Or, en optant pour la mise en veilleuse de l’option péquiste, son successeur, Jean-françois Lisée, a libéré une part vitale de son électorat.

CUL-DE-SAC

En situation multiparti­te, le « magasinage » chez la CAQ et QS devint inévitable. C’est pourquoi, nonobstant les résultats de l’élection de lundi, un travail colossal de reconstruc­tion attend ce qu’il restera du mouvement souveraini­ste. À moins que l’animosité criante entre le PQ et QS ne rende la tâche tout simplement impossible.

Certains diront que le véritable enjeu de cette élection est ailleurs. Que la vraie « question de l’urne » est de mettre ou non fin à 15 ans de règne libéral. Et ils auront raison de le dire.

La quasi-monarchie libérale, son « tout-aux-médecins » et son austérité toxique ont fait très mal aux Québécois. Incluant chez les plus vulnérable­s. Ce n’est tout de même pas pour rien si près de 80 % des francophon­es disent vouloir changer de gouverneme­nt.

Il n’en reste pas moins qu’au lendemain du 1er octobre, les Québécois devront aussi s’interroger sur leur propre existence comme nation francophon­e nord-américaine. Faire semblant que la question est devenue ringarde a mené le Québec dans un dangereux cul-de-sac sur le plan national. Il est grand temps d’en prendre conscience.

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