Le Journal de Quebec

Les comtés rouges

- MARIO DUMONT mario.dumont @quebecorme­dia.com

Même si la souveraine­té n’a pas été à l’ordre du jour de cette campagne, le PLQ gardera sa mainmise sur le vote anglophone et allophone.

Lundi soir, je participer­ai à la soirée électorale sur les ondes de TVA. Nous analyseron­s les résultats de cette élection qui s’annonce serrée. Il y a cependant quelques dizaines de circonscri­ptions où il n’y a aucun suspense. Ce sont des comtés sûrs. Des comtés libéraux. Les libéraux le savent. Leurs adversaire­s le savent.

Les journalist­es et analystes le savent aussi. Parfois, on le mentionne, parfois on fait plus attention puisque, en démocratie, il est mal vu de prendre les citoyens pour acquis. Répéter qu’un comté est teint en rouge paraît méprisant pour les électeurs. Mais si c’est la vérité…??? On fait quoi ? On fait semblant ?

Ces circonscri­ptions acquises au Parti libéral ne sont pas un phénomène nouveau. Quelques-unes sont presque libérales depuis la Confédérat­ion. De toutes les époques, les libéraux partent le jour 1 d’une campagne électorale avec des sièges assurés.

Ce qui frappe néanmoins, c’est l’augmentati­on rapide du nombre de ces circonscri­ptions acquises aux libéraux au cours du dernier quart de siècle. Quand je suis entré chez les jeunes libéraux à la fin des années 1980, on parlait d’une vingtaine de sièges. Aujourd’hui, on parle presque du double…

LAVAL

L’île de Laval fournit l’un des exemples les plus intéressan­ts. Il y a à peine une quinzaine d’années, je dirigeais L’ADQ lorsque nous avions remporté une élection partielle dans Vimont. À ce moment-là, mon collègue au Journal Joseph Facal représenta­it Fabre pour le PQ. Les libéraux avaient un seul comté sûr à Laval. Tout le monde pouvait gagner les autres. Cette année, c’est l’inverse. Les experts vous diront que tous les comtés de Laval sont acquis aux libéraux, sauf un.

Je ne dénonce pas ici le vote des individus qui habitent ces comtés. Nous vivons dans une démocratie et dans un pays libre. C’est le bien le droit le plus strict de chaque citoyen de déposer ce petit X qui lui appartient dans la case de son choix.

Je constate néanmoins que si cette tendance se maintient, c’est-à-dire si l’on ajoute 2 ou 3 circonscri­ptions sûres pour les libéraux tous les quatre ans, la conséquenc­e sera lourde. Ce n’est plus seulement le résultat dans quelques dizaines de comtés qui sera enfantin à prédire, mais le résultat à l’échelle du Québec. Une démocratie dysfonctio­nnelle ?

PAS DE RÉFÉRENDUM

On avait l’habitude d’expliquer ce ralliement massif des anglophone­s et allophones au PLQ en pointant du doigt la menace de la souveraine­té. Ceux qui veulent rester dans un Canada uni voyaient alors dans le Parti libéral cette sécurité. Mais nous voici au terme d’une campagne où cette question fut absente. Et j’ai l’impression que nous ne verrons aucune différence lundi soir dans ces comtés traditionn­ellement libéraux.

À terme, il faut souhaiter que la diversité politique s’installe dans les milieux allophones et anglophone­s. Sinon, ce seront les francophon­es qui vont finir par s’unir dans un seul parti pour éviter d’être gouvernés par la minorité.

Des élections strictemen­t basées sur un clivage culturel et linguistiq­ue, ce serait une bien mauvaise chose.

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