Le Journal de Quebec

Une campagne éprouvante

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

La longueur de cette campagne électorale a été inversemen­t proportion­nelle à la somme des idées qui y ont été véhiculées.

Cela fut une épreuve pour les citoyens qui espéraient plus de hauteur de vue des politicien­s, plus d’arguments intellectu­els qui refléterai­ent une vision du Québec.

Les électeurs ont dû avaler les promesses les plus fantaisist­es. Ils ont vu valser des milliards de dollars devant leurs yeux et particuliè­rement les 20 milliards et plus que Québec solidaire leur a fait miroiter sans rire.

Les Québécois ont été exaspérés par ces promesses à ras de sol. Les lunchs à midi du PQ, la gratuité des services mur à mur de QS, des médecins de famille en nombre suffisant sortis d’une boîte de Cracker Jack du PLQ et des garderies à quatre ans pour tous les enfants, mais sans les locaux pour les loger de la CAQ.

DÉGRADATIO­N

Cette approche minimalist­e, « réductrice » même, démontre la dégradatio­n de la pensée politique au Québec. Les plus jeunes des électeurs ne sont pas en mesure de comparer les époques. Dommage, car ils comprendra­ient que le Québec fut le terreau politique le plus riche et fructueux du Canada dans un passé encore récent.

Non seulement la politique n’était pas morne ou déclassée, mais elle inspirait et donnait le sentiment d’être ouverte sur le monde. Cette campagne est régressive, car les chefs ont été incapables de s’extirper des préoccupat­ions quotidienn­es, d’importance secondaire à vrai dire.

Au fil des jours, Philippe Couillard a projeté l’image d’un homme mal à l’aise ; il a joué d’un enthousias­me qui sonnait faux et dans les dernières semaines il arrivait mal à cacher son inquiétude accentuée par des gaffes de ses candidats et des gaucheries de sa part.

Comme cette histoire de budget d’épicerie à 75 $ par semaine. Mais son pire obstacle est le fait qu’il ne recueille plus que 17 % des votes des francophon­es, le prix à payer pour ses conviction­s anti-nationalis­tes.

CRÉDIBILIT­É ENTAMÉE

Jean-françois Lisée, imprévisib­le et brillant chef, politiquem­ent hyperactif dont le talon d’achille est son manque de jugement, apparaît désormais incapable d’assurer la crédibilit­é du PQ. Adversaire et allié de QS entre le lundi et le vendredi, démolisseu­r de la CAQ, donc allié objectif du PLQ en fin de course, il pétarade trop pour convaincre les hésitants à voter PQ. Un politicien ne peut pas être la chose et son contraire.

François Legault, qui semble à portée de son ambition de devenir premier ministre, a démontré lors de la campagne qu’il peut être son propre ennemi avec sa langue qui fourche trop souvent. Mais il a réussi à prendre en compte le désir de changement des Québécois. Ce souveraini­ste reconverti au fédéralism­e pragmatiqu­e est à l’image du peuple qui, par tempéramen­t, aime les changement­s qui n’en sont pas vraiment, comme les révolution­s qui sont tranquille­s.

On ne peut passer sous silence l’atmosphère de cette campagne qui a été dure, injuste et violente pour les quatre candidats. Une campagne marquée par le trumpisme ambiant où fusent les insultes et les coups bas. Une tristesse dans ce cas.

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Jean-françois Lisée
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Philippe Couillard
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François Legault
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Manon Massé

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