Une campagne éprouvante
La longueur de cette campagne électorale a été inversement proportionnelle à la somme des idées qui y ont été véhiculées.
Cela fut une épreuve pour les citoyens qui espéraient plus de hauteur de vue des politiciens, plus d’arguments intellectuels qui refléteraient une vision du Québec.
Les électeurs ont dû avaler les promesses les plus fantaisistes. Ils ont vu valser des milliards de dollars devant leurs yeux et particulièrement les 20 milliards et plus que Québec solidaire leur a fait miroiter sans rire.
Les Québécois ont été exaspérés par ces promesses à ras de sol. Les lunchs à midi du PQ, la gratuité des services mur à mur de QS, des médecins de famille en nombre suffisant sortis d’une boîte de Cracker Jack du PLQ et des garderies à quatre ans pour tous les enfants, mais sans les locaux pour les loger de la CAQ.
DÉGRADATION
Cette approche minimaliste, « réductrice » même, démontre la dégradation de la pensée politique au Québec. Les plus jeunes des électeurs ne sont pas en mesure de comparer les époques. Dommage, car ils comprendraient que le Québec fut le terreau politique le plus riche et fructueux du Canada dans un passé encore récent.
Non seulement la politique n’était pas morne ou déclassée, mais elle inspirait et donnait le sentiment d’être ouverte sur le monde. Cette campagne est régressive, car les chefs ont été incapables de s’extirper des préoccupations quotidiennes, d’importance secondaire à vrai dire.
Au fil des jours, Philippe Couillard a projeté l’image d’un homme mal à l’aise ; il a joué d’un enthousiasme qui sonnait faux et dans les dernières semaines il arrivait mal à cacher son inquiétude accentuée par des gaffes de ses candidats et des gaucheries de sa part.
Comme cette histoire de budget d’épicerie à 75 $ par semaine. Mais son pire obstacle est le fait qu’il ne recueille plus que 17 % des votes des francophones, le prix à payer pour ses convictions anti-nationalistes.
CRÉDIBILITÉ ENTAMÉE
Jean-françois Lisée, imprévisible et brillant chef, politiquement hyperactif dont le talon d’achille est son manque de jugement, apparaît désormais incapable d’assurer la crédibilité du PQ. Adversaire et allié de QS entre le lundi et le vendredi, démolisseur de la CAQ, donc allié objectif du PLQ en fin de course, il pétarade trop pour convaincre les hésitants à voter PQ. Un politicien ne peut pas être la chose et son contraire.
François Legault, qui semble à portée de son ambition de devenir premier ministre, a démontré lors de la campagne qu’il peut être son propre ennemi avec sa langue qui fourche trop souvent. Mais il a réussi à prendre en compte le désir de changement des Québécois. Ce souverainiste reconverti au fédéralisme pragmatique est à l’image du peuple qui, par tempérament, aime les changements qui n’en sont pas vraiment, comme les révolutions qui sont tranquilles.
On ne peut passer sous silence l’atmosphère de cette campagne qui a été dure, injuste et violente pour les quatre candidats. Une campagne marquée par le trumpisme ambiant où fusent les insultes et les coups bas. Une tristesse dans ce cas.