La calculette « magique » de QS
Sur les 12,9 milliards de dollars de revenus annuels supplémentaires que Québec solidaire prévoit aller chercher pour financer la réalisation de ses promesses électorales, le tiers (4,4 milliards $) proviendrait d’une hausse d’impôt pour les particuliers gagnant plus de 95 000 $ et les entreprises.
À la lumière des récents sondages, Québec solidaire (QS) pourrait détenir la balance du pouvoir d’un gouvernement minoritaire. Ce qui lui permettrait de forcer le nouveau gouvernement à mettre de l’avant certaines de ses propositions.
Voilà pourquoi il y a lieu de rappeler les grandes lignes du cadre financier que le parti de Manon Massé a déposé en vue de financer « des mesures ambitieuses pour améliorer le quotidien des Québécois et Québécoises », écrit-on sur le site de QS.
QS propose notamment une assurance dentaire publique pour tout le monde, la gratuité scolaire du CPE à l’université, un rabais internet de 30 %, le transport en commun à moitié prix, une baisse d’impôt pour les contribuables gagnant moins de 95 000 $, le remplacement du CELI actuel par un « CELI Habitation durable », la lutte aux changements climatiques par infrastructures vertes, etc.
Coût de la facture : 12,9 milliards $ sur la base d’une pleine année à compter de l’exercice financier 2022-23.
« Comment on va payer pour ça? » se demande Québec solidaire. Il « se » répond en étalant une liste de 12 nouvelles sources de revenus devant rapporter 12 milliards $ de plus par an.
VÉRIFICATION LABORIEUSE
Aux sceptiques qui questionnent la faisabilité d’aller chercher cette avalanche de revenus supplémentaires, la chef Manon Massé répond : « Il n’y a pas de calculatrice magique chez nous, juste du courage ».
Côté fiscal, la calculatrice de Québec solidaire tourne cependant les coins ronds.
Je cède la parole à l’économiste Simon Tremblay-pepin, candidat dans Nelligan et porte-parole du parti en matière d’économie.
« Vous me demandiez comment nous sommes parvenus à nos réductions d’impôt pour les particuliers. Première chose qu’il faut dire : nous faisons des calculs très simples et très arrondis pour simplement donner une idée aux gens de l’argent qu’ils économiseront ou devront payer. »
C’est ce qui explique pourquoi le « Régime fiscal progressif pour les particuliers » que Québec solidaire présente dans son cadre financier, avec l’augmentation de 4 à 10 paliers d’imposition, s’avère laborieusement vérifiable.
À tel point que ça prend l’économiste de QS pour vous expliquer avec sa page de notes comment est calculé l’impact fiscal avancé dans le document. Et encore là, on reste dans le très approximatif !
LES PAYEURS
Avec sa réforme fiscale, QS affirme que 77 % des contribuables paieront moins d’impôt. Quant aux « 9 % des contribuables plus riches », ils paieraient annuellement 2 milliards $ d’impôt supplémentaire.
Les grandes entreprises verraient leur facture fiscale grimper de 2,2 milliards $, leur taux d’imposition passant de 11,7 % à 14,5 %.
Le CELI actuel serait remplacé par un « CELI Habitation durable », dont les deux tiers de nos épargnes seraient obligatoirement confiés à la Caisse de dépôt et placement et à un autre organisme gouvernemental. Pas sûr que ce genre de CELI « étatisé » attirera beaucoup d’épargnants !
À surveiller lundi…