La génomique et le dépistage personnalisé du cancer
Des progrès majeurs ont été réalisés pour mieux comprendre et traiter le cancer du sein, mais il reste encore du chemin à parcourir pour arriver à destination. Le projet Perspective : Intégration et Implémentation vise à franchir des pas de plus… Mené par Jacques Simard, professeur à la Faculté de médecine et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval, et codirigé par Anna Maria Chiarelli, de l’université de Toronto et d’action Cancer Ontario, ce projet de recherche a pour but de personnaliser le dépistage du cancer du sein afin de détecter plus précocement et plus efficacement la maladie ou, du moins, de déterminer le risque de la contracter.
LE CONSTAT EN 2018
Certaines femmes sont plus susceptibles que d’autres de développer un cancer du sein. Encore à l’heure actuelle, le programme de dépistage est basé sur des facteurs de risque connus tels que l’âge (50 à 74 ans), l’histoire familiale et la génétique (une dizaine de gènes seulement sont cependant visés). « Avec le temps, malgré la relative efficacité de notre programme, on a constaté que des personnes développaient tout de même un cancer du sein sans que ces facteurs connus soient en cause. Précisément, une femme sur huit peut en être atteinte durant sa vie. De ce nombre, une sur cinq est âgée de moins de 50 ans et n’a pas nécessairement d’antécédents familiaux », explique la docteure Jocelyne Chiquette qui collabore au projet.
ÉLARGIR LA PRÉVENTION EN CIBLANT D’AUTRES INDICES?
Pour améliorer les soins de santé et les chances de survie, l’équipe du professeur Simard a mis en évidence quelques centaines de marqueurs génétiques associés au risque de développer la maladie, et non testés actuellement. L’information découlant de l’ensemble de ces marqueurs constitue une signature génomique, laquelle, en plus de celle d’autres facteurs connus, permettrait d’établir de nouveaux profils de personnes à risque. « Ainsi, des femmes plus enclines à développer un cancer du sein pourraient se voir proposer une mammographie avant l’âge de 50 ans et en passer plus fréquemment. Les femmes à risque très élevé auraient la possibilité d’ajouter une IRM mammaire. En revanche, celles considérées comme étant moins à risque auraient le choix de retarder ou d’espacer leurs mammographies, voire dene pas en passer du tout. Des recommandations seront associées à chaque profil, peu importe l’âge des candidates », poursuit la docteure Chiquette qui est aussi codirectrice du Réseau ROSE et cofondatrice du Centre des maladies de sein du CHU de Québec-université Laval.
UN PROJET AMBITIEUX
L’étude de l’équipe du professeur Simard nécessitera la collaboration de 10 000 femmes (5 000 au Québec et 5 000 en Ontario) pour valider l’approche et confirmer sa fiabilité, son acceptabilité ainsi que sa faisabilité. En plus, l’équipe, qui est également composée de chercheurs étrangers, étudiera les enjeux de l’implantation d’un nouveau programme de dépistage plus personnalisé. Ils en estimeront les coûts et les bénéfices. « Au Québec, des volontaires provenant des régions de la Capitale-nationale et de Lanaudière pourront participer à l’étude. Dans un premier temps, elles n’auront qu’à répondre à un questionnaire, à réaliser un test par frottis buccal et à nous faire parvenir le tout par la poste. Elles recevront ensuite un rapport qui leur dira si elles sont plus ou moins à risque de développer un cancer du sein ainsi que les recommandations pour la suite des choses. Les candidates recherchées sont des femmes de 40 à 69 ans, non atteintes de cancer du sein et ayant eu une mammographie dans les 2 dernières années ou ayant une ordonnance ou une lettre d’invitation du PQDCS pour en passer une. Il faudra attendre encore un peu pour connaître les autres détails de l’étude. L’information sera disponible au début de 2019 », résume la spécialiste. 15,2 M $ en provenance des Instituts de recherche en santé du Canada, de Génome Québec, de la Fondation du cancer du sein du Québec, de Génome Canada, et d’autres partenaires, dont Ontario Research Fund sont investis dans ce projet.