La « bouette » des politiciens
J’ai entendu un quidam l’autre jour soutenir qu’il n’irait pas voter parce que les politiciens se lancent trop de « bouette ».
Voilà vraiment un faux prétexte stupide pour l’annulation. J’aimerais bien voir cette personne débattre dans ses cercles familiaux ou défendre ses intérêts dans son milieu de travail.
Je ne veux pas dédouaner la « bouette » ni banaliser l’insulte. J’aimerais simplement qu’on prenne conscience qu’un débat électoral, ce n’est pas un séminaire de doctorat !
DÉLIRE CONTRE QS
On ne peut nier qu’il y a parfois des « excès excessifs ». La mouvance péquiste depuis le Face-à-face de TVA s’est lancée dans une dénonciation parfois délirante de Québec solidaire : comme si un bolchevisme 2.0 allait bientôt saisir l’assemblée nationale.
Les militants de QS ont beau jeu de rappeler que, jadis, l’union nationale déclinante avait dénoncé en termes aussi délirants la montée du PQ.
Sans les excuser, il m’arrive de comprendre certains politiciens qui cèdent à l’envie de répliquer avec un peu de « bouette » à des attaques outrancières ou à des coups bas.
Par exemple, j’ai eu du mal à condamner Philippe Couillard, cette semaine, lorsqu’il s’est permis — à contrecoeur — de faire goûter à François Legault « sa propre médecine ».
DIABOLISATION DU PQ
Et face à QS, la mouvance péquiste avait bien des frustrations légitimes.
À QS, la diabolisation du PQ a été un fonds de commerce. Lucien Bouchard constituait une cible obsessive, sorte de Belzébuth « néo-libéral » sans coeur qui semblait résumer l’ensemble de l’histoire de ce parti, et le discréditer à jamais.
Bouchard, ce fut certes le déficit zéro, mais aussi l’assurance médicaments, les CPE, l’assurance parentale et bien d’autres morceaux essentiels de notre État-providence.
Les gens de QS ne veulent souvent pas l’admettre. Le PQ, c’était le mal. Dans plusieurs bouches qsistes, « pire que Harper », « pire que le PLQ » !
On peut comprendre au moins en partie qu’à la veille d’une défaite qui s’annonce cuisante, certains au PQ aient envie d’un baroud d’honneur sous forme de « bouette » épicée.