Déçue de la destruction du dossier par la police
Quarante ans après le meurtre non résolu de sa soeur
La soeur d’une jeune femme agressée sexuellement et assassinée il y a 40 ans à Montréal croit qu’elle n’aura jamais les réponses à ses questions parce que le dossier d’enquête aurait été détruit par la police.
Deux interrogations fondamentales hantent Solange Blais depuis le 4 juin 1978.
« J’aimerais savoir qui, mais surtout pourquoi. On a l’impression d’être abandonnés. Ça fait 40 ans qu’on se fait des scénarios », résume la soeur de Lison Blais, battue à mort par un assaillant toujours inconnu.
Alors âgée de 17 ans, elle avait été retrouvée à moitié dénudée et sans vie derrière la résidence familiale de la rue Christophe-colomb.
TUÉE À COUP DE BRIQUE
Le rapport d’autopsie de l’époque donne froid dans le dos. La jeune femme portait plusieurs marques de violence au visage et à la tête, probablement infligées par une brique. Elle aurait aussi été agressée sexuellement avec l’objet.
« Des larmes ont coulé la première fois que je l’ai lu il y a deux ans, se rappelle Mme Blais. J’étais toute à l’envers. Je ne pensais pas que c’était une mort si violente. »
Elle est convaincue que le meurtrier en voulait à sa soeur pour s’acharner de la sorte.
Quelques jours après le meurtre, l’histoire sombre dans l’oubli après avoir fait grand bruit dans les médias.
La famille est déménagée l’année suivante, incapable de vivre avec le souvenir constant du drame. Leur mère est décédée trois ans après la mort de Lison, rongée par le stress et le chagrin.
« Elle avait reçu un appel disant que j’étais la prochaine », se rappelle Solange Blais dans sa première sortie publique depuis les événements.
Leur père est mort en 2016 sans savoir qui s’en était pris à sa fille aînée.
Mme Blais a entrepris des démarches à peu près à la même époque pour consulter le dossier policier et ainsi « peutêtre retrouver la mémoire sur certains éléments ».
DÉTRUIT
Finalement, en avril 2017, après plusieurs demandes, le sergent-détective Robert Lebrun l’aurait contactée.
« Je m’attendais sincèrement à une bonne nouvelle, mentionne-t-elle. Il m’a dit que le dossier avait été fermé en 2009 ou 2010 et que les éléments de preuves avaient été détruits », déplore-t-elle.
Mme Blais espérait demander des analyses ADN, une technologie inexistante à l’époque du meurtre de sa soeur.
« Je m’accrochais au fait que le dossier était encore ouvert. Maintenant, on a l’impression d’être abandonnés », explique-t-elle.
Elle a dû se contenter du rapport du coroner disponible à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
« Je ne sais plus à quelle porte cogner. Le deuil n’a jamais vraiment été fait. Il y a toujours un poids sur mes épaules, surtout avec le décès de mes parents », raconte la femme de 55 ans. Malgré nos demandes répétées depuis plus d’un mois, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n’a pas donné suite à nos requêtes concernant le dossier de Mme Blais.