J’ai conduit jusqu’à l’océan Arctique et vous devriez aussi
C’est fou de constater à quel point on ne connaît rien de notre propre pays.
On sait qu’au-dessus des provinces, il y a ces immenses territoires à peu près inhabités. Ceux qui écoutaient à l’école se rappellent peut-être du nom des capitales. On sait qu’il y fait très froid, et c’est à peu près ça.
À l’ouest du pays, du Yukon aux Territoires du Nord-ouest, la mythique Dempster Highway permet aux automobilistes de conduire jusqu’à Inuvik. Pour les aventuriers arctiques, ç’a longtemps été la destination ultime. Le bout du monde.
Sauf que depuis quelques mois, le bout du monde est un peu plus loin. À 148 kilomètres au nord, pour être exact.
L’automne dernier, le gouvernement canadien a inauguré une nouvelle route, la première au Canada à atteindre la côte de l’océan Arctique 12 mois par année. Au bout, le village de Tuktoyaktuk. Le nouveau bout du monde.
EN PICK-UP, COMME LES LOCAUX
C’est cette route perdue, dans un coin du Canada qu’on connaît trop peu, que Chevrolet a choisie pour présenter son nouveau Silverado 2019. Ils auraient difficilement pu trouver un meilleur endroit. Parce qu’inuvik, c’est le royaume du pick-up.
Pas habitués de voir des camions aussi neufs, les locaux ont été nombreux à venir nous parler de leur amour ou de leur haine pour Chevrolet. Parce que là-bas, il y a deux camps. Les amateurs de GM et ceux qui ne jurent que par Ford.
À peine sorti de l’aéroport d’inuvik, on me remet les clés du Silverado et on m’indique le chemin vers Tuktoyaktuk.
Après un bref arrêt à Inuvik, on prend la route vers le nord, sur cette nouvelle autoroute dont on parle tant ici.
On dit que c’est une autoroute, mais il s’agit en fait d’une bonne vieille route de « garnotte ». Il faut conduire avec prudence. Bien que flambant neuve, la route est remplie d’imperfections. Ici, pas besoin de policiers ou de radars pour contrôler la vitesse des automobilistes. Le gravier s’en charge.
Vaut mieux y aller en camion, mais plusieurs motocyclistes l’ont franchie sans problème cet été. Suffit de demeurer alerte, et puis de prendre son temps.
Comme panorama, des centaines de lacs se fondent dans une vaste étendue de végétation.
Et puis, quand on pense que cette route ne se terminera jamais, on voit quelques habitations au loin. C’est Tuk, perdue tout au bout. Et au fond du village, l’océan Arctique. Celui que je ne croyais jamais voir.
UNE ROUTE QUI CHANGE TOUT
Longtemps coupée du reste du monde, Tuktoyaktuk est maintenant sur la « map ». L’inauguration de la route, en novembre dernier, a déjà attiré son lot de curieux.
Une conseillère de la communauté, Annie Steen, m’a expliqué, les étoiles dans les yeux, tout le potentiel que représente cette route pour elle et ses concitoyens.
Cette route, même si elle représente un potentiel de développement énorme pour la région, a coûté une petite fortune au gouvernement.
Il s’agit même de l’une des plus chères au monde, avec un coût de construction de 2,2 M$ par kilomètre. Ça fait plus de 300 M$, en plus d’un montant d’environ 2 M$ par année pour entretenir tout ça. Quand on pense que seulement une quarantaine de véhicules par jour empruntent cette route, ça fait beaucoup d’argent.
Mais pour les résidents de Tuktoyaktuk, cette nouvelle ouverture sur le monde est inestimable. Et pour les voyageurs, l’océan Arctique est maintenant à portée de main.