Le Journal de Quebec

Faire l’histoire, ça oblige

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecorme­dia.com

François Legault a finalement remporté son pari. Et quel pari !

Fonder un parti, déloger le Parti québécois, formation de l’alternance naturelle depuis les années 1970. Et désactiver le clivage fondamenta­l (souveraini­ste-fédéralist­e) établi depuis la Révolution tranquille.

C’est le type d’exploit que peu de chefs politiques ont réussi à réaliser dans notre histoire. Maurice Duplessis, René Lévesque… qui d’autre ?

On entrevoyai­t une victoire difficile, courte, minoritair­e. J’avais personnell­ement parié sur un scénario du type Nouveau-brunswick ou Colombie-britanniqu­e.

Mais le train du changement, image utilisée par François Legault le premier jour de la campagne à Caprouge, a finalement tout balayé sur son passage.

Fonder un parti, déloger la formation de l’alternance naturelle depuis quelque 50 ans, c’est le type d’exploit que peu de chefs politiques ont réussi à réaliser dans notre histoire. Maurice Duplessis, René Lévesque… qui d’autre ?

HISTORIQUE

Tellement que la soirée d’hier s’est avérée historique à plusieurs titres.

La défaite du Parti libéral du Québec est sans précédent : pire résultat en termes de pourcentag­e de vote. Sur le plan des sièges, pire défaite depuis 1976. Philippe Couillard est le premier premier ministre libéral élu depuis Abélard Godbout à devoir se contenter d’un seul mandat.

Quant au Parti québécois, c’est l’effondreme­nt. On rappellera qu’il a obtenu 6 sièges en 1973, moins qu’hier donc. Mais à l’époque, il avait recueilli 30 % des voix ! Hier soir, au moment d’écrire ces lignes, il peinait à en conserver 17 %. Trop peu pour être un parti reconnu à l’assemblée nationale.

QS non plus, malgré ses progrès en termes de voix et de sièges. Si on pouvait comprendre la joie partisane de QS hier, il y avait de quoi se questionne­r sur les discours aux accents triomphate­urs de ses porte-parole. La gauche et la souveraine­té ont globalemen­t subi la défaite hier.

COMMANDE HERCULÉENN­E

L’exploit de la CAQ est exceptionn­el. Il pourrait s’agir d’un réel réaligneme­nt politique comme il s’en produit très peu dans l’histoire.

Pour réussir, la CAQ n’a pas lésiné sur les promesses : maternelle­s 4 ans, maisons des aînés, troisième lien à Québec, abolition des élections scolaires et commission­s scolaires, déménageme­nt de 5000 fonctionna­ires de la capitale vers les régions, modificati­on du mode de scrutin, repénalisa­tion de la marijuana par la porte d’en arrière, etc.

Ses promesses en immigratio­n, que le chef n’était même pas en mesure d’articuler lors de la campagne, seront aussi très ardues à mettre en place. La CAQ devra trouver une manière de remplir cette promesse de manière rassurante pour l’opinion internatio­nale. Mais le parti de François Legault n’a jamais montré quelque sensibilit­é à cet égard.

Bref, la commande est titanesque. Comment fera la CAQ, avec un caucus inexpérime­nté, diversifié, voire éclectique, à respecter ses promesses ?

Chose certaine, faire l’histoire, ça l’oblige.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada