Le Journal de Quebec

Trudeau sauve les meubles face à Trump

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Dans le cadre du nouvel accord commercial du Canada avec les États-unis, le grand gagnant c’est nul autre que le président américain Donald Trump. Un « merveilleu­x accord », a-t-il affirmé, qui fait des États-unis un pays « à nouveau respecté » !

Notre premier ministre Justin Trudeau, lui, a réussi à sauver les meubles… canadiens. Ce qui est en soi une demi-victoire.

À sa décharge, M. Trudeau pouvait difficilem­ent s’en tirer à meilleur compte dans ses « pénibles » négociatio­ns avec Donald Trump. Non seulement il devait affronter un président américain ultra protection­niste, mais en plus il lui était impossible de négocier avec des arguments rationnels.

Dès le moment où Donald Trump avait menacé le Mexique et le Canada de jeter à la poubelle L’ALENA, il était écrit dans le ciel que la renégociat­ion d’un nouvel accord commercial avec les États-unis allait nous faire perdre des plumes.

LA DÉPENDANCE CANADIENNE

Notre grande dépendance économique et commercial­e envers les États-unis nous rendait extrêmemen­t vulnérable­s dans la renégociat­ion d’un accord avec le président Trump. Et ce dernier ne s’est pas gêné pour exploiter au maximum cette position de faiblesse.

En 2017, le Canada a exporté aux États-unis des produits pour une valeur de 415 milliards de dollars. Cela équivaut à 76 % des exportatio­ns canadienne­s. Quand votre principal client occupe une telle part de vos exportatio­ns, vous avez grandement intérêt à le conserver.

Remarquez que les États-unis ont eux aussi intérêt à bien s’entendre avec le Canada, l’un de ses gros clients. Le Canada a importé en 2017 des marchandes américaine­s pour une valeur globale de 288 G$.

En matière de balance commercial­e des marchandis­es, il n’en demeure pas moins que c’est le Canada qui s’en tire gagnant avec un surplus de 127 G$.

L’ÉCRÉMAGE DU QUÉBEC

Le nouvel accord canado-américain a son lot de perdants, dont les producteur­s laitiers qui vont devoir céder aux Américains près de 3,59 % du marché canadien des produits laitiers.

Comme le Québec compte pour 50 % de la production laitière au Canada, nos producteur­s laitiers se sentent, à juste raison, grandement lésés.

Cette perte de marché de 3,59 % aux mains des Américains s’ajoute aux 5,2 % que le Canada avait précédemme­nt cédés lors des accords commerciau­x conclus avec l’europe et le Partenaria­t transpacif­ique.

Ces trois accords commerciau­x pourraient faire perdre jusqu’à 300 M$ par année à nos producteur­s laitiers. Ils comptent sur un plan fédéral d’indemnisat­ion pour éponger leurs baisses de revenus nets.

Bien que nos politicien­s québécois soient déçus de voir Donald Trump s’emparer d’une partie du marché canadien des produits laitiers, il n’en demeure pas moins que le Québec, à l’instar de l’ensemble du pays, est lui aussi en position de faiblesse commercial­e.

Les États-unis comptent pour 71 % de nos exportatio­ns québécoise­s ! Nous y avons exporté en 2017 des marchandis­es pour une valeur globale de 60 G$. Nos importatio­ns en provenance des États-unis totalisaie­nt 31,7 milliards $.

Avec un surplus commercial de 28,4 G$, le Québec a financière­ment avantage à rester zen dans son analyse du nouvel accord commercial entre Trudeau et Trump.

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