Le Journal de Quebec

Ottawa abandonne à leur sort des espèces en péril

Il en fait trop peu pour sauver les mammifères marins menacés

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | Le fédéral est sévèrement blâmé pour avoir attendu le décès de 12 baleines noires l’an dernier dans l’estuaire du Saint-laurent pour enfin aider l’espèce à survivre, alors que ce mammifère est considéré comme étant en voie de disparitio­n depuis 2005.

Pire encore, ces décès étaient « probableme­nt » évitables, selon la commissair­e à l’environnem­ent, Julie Gelfand. « Est-ce qu’on aurait pu agir pour prévenir ces décès ? C’est très fort possible », a-t-elle déploré en conférence de presse, hier, en marge de la publicatio­n de son rapport d’automne.

Le document comprend plusieurs autres constats accablants qui illustrent l’inaction du fédéral en matière de protection des mammifères marins.

CONSTATS ALARMANTS

Par exemple, le béluga de l’estuaire du Saint-laurent est demeuré sur la liste des espèces menacées pendant 12 ans sans qu’ottawa n’agisse jamais. Il est maintenant en voie de disparitio­n.

Ces constats alarmants de la commissair­e à l’environnem­ent surviennen­t alors que la Cour fédérale a suspendu cet été le projet de pipeline Trans Mountain, en Colombie-britanniqu­e, en partie pour des raisons environnem­entales.

Les conclusion­s de Mme Gelfand viennent appuyer la décision du tribunal, qui a jugé que le fédéral avait échoué à garantir la protection des épaulards qui vivent au large de Vancouver, où l’oléoduc aboutit. Il ne reste plus que 74 spécimens. L’espèce est en voie de disparitio­n depuis 2003.

TROIS ESPÈCES

Concrèteme­nt, Ottawa protège adéquateme­nt trois des 14 espèces de mammifères marins menacées et en voie de disparitio­n, et cela depuis l’an dernier seulement. Il s’agit de la baleine noire de l’atlantique Nord, du béluga du Saint- Laurent et de l’épaulard vivant au large de la Colombie-britanniqu­e.

Le gouverneme­nt canadien a interdit la pêche dans certains secteurs et imposé des limites de vitesse aux bateaux dans certaines zones.

Or, ces actions « viennent peut-être trop tard pour certaines espèces », soutient Julie Gelfand dans son rapport publié mardi. « Les mesures qui ont été prises récemment sont réactives, limitées et tardives », déplore-t-elle.

MIGRATION RÉCENTE

Selon le ministre des Transports Marc Garneau, les mesures de protection mises en place l’an dernier vont aussi aider d’autres espèces en péril.

Il soutient également que les baleines noires ont « soudaineme­nt » migré, récemment, dans le golfe du Saint-laurent.

« C’est à ce moment-là que nous avons mis des mesures en place, et ces mesures portent fruit cette année », dit-il.

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l’environnem­ent Commissair­e à JULIE GELFAND

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