Plus de Hells que jamais au Québec
La police a répliqué en accentuant la pression sur les motards en 2018
Plus nombreux et plus puissants que jamais au Québec, les Hells Angels et leurs disciples subissent toutefois une pression policière accrue qui leur a fait perdre plus de 100 millions $ en 2018.
C’est ce que révèlent des données que Le Journal a obtenues auprès de la Sûreté du Québec sur les résultats de la lutte contre le crime organisé qu’elle mène depuis le début de l’année avec 18 autres corps policiers au sein de diverses escouades.
La police n’a jamais eu affaire à autant de motards au Québec : une armée de plus de 650 porte-couleurs d’une quarantaine de gangs partageant la même allégeance.
Les 87 membres en règle des cinq chapitres québécois des Hells Angels, qui dominent le marché des stupéfiants de la province, sont épaulés dans leurs affaires criminelles par 180 membres d’une dou- zaine de clubs sympathisants – qu’on appelait autrefois « clubs-écoles ».
De plus, les policiers ont identifié plus de 400 autres motards répartis dans une trentaine de clubs sympathisants qui, sans nécessairement tremper dans le crime, affichent ouvertement leur appui aux Hells. Certaines de ces bandes sont même chargées d’assurer la sécurité lors de rassemblements des Hells en public.
À titre de comparaison, en 1995, quand les Hells menaient une guerre sanglante aux défunts Rock Machine pour le contrôle du marché de la drogue au Québec, les forces policières dénombraient un peu plus de 300 motards de toutes factions confondues.
SOMMET DES PRIORITÉS
Il y a exactement un an, celui qui dirigeait la SQ avant d’aller prendre les rênes du SPVM, Martin Prud’homme, a ramené la lutte contre le crime organisé au sommet des priorités.
Décriant « l’intimidation » des Hells qui s’affichent sans gêne en public, M. Prud’homme déclarait alors que « les motards vont nous avoir dans les pattes chaque jour ». Il voulait que les 15 000 policiers québécois aillent « déranger » les Hells en accentuant la pression sur eux.
Durant les neuf premiers mois de 2018, les forces de l’ordre ont répondu en saisissant plusieurs centaines de kilos de cocaïne et de drogues de synthèse – l’équivalent de 11 millions de doses – dont la vente aurait rapporté au-delà de 100 millions $ aux motards et à leurs trafiquants.
753 ARRESTATIONS
Ils ont effectué 753 arrestations – dont sept membres des Hells et 47 motards sympathisants – et plus de 1200 perquisitions. Cela correspond en moyenne à trois arrestations et à quatre perquisitions chaque jour aux dépens des Hells et de leurs partenaires d’affaires.
« On ne relâchera pas la pression sur eux », a assuré l’inspecteur Guy Lapointe de la SQ, en louant « la force et l’efficacité du partenariat » entre les corps policiers qui s’attaquent aux motards et aux trafiquants.