Le Journal de Quebec

Des religieuse­s auraient abusé d’enfants

Les allégation­s visent les Soeurs de la Charité, qui ont dirigé l’orphelinat du Mont d’youville des années 20 à 90

- SOPHIE CÔTÉ

Des religieuse­s de la congrégati­on des Soeurs de la Charité auraient agressé sexuelleme­nt des enfants qui séjournaie­nt à l’orphelinat du Mont d’youville, à Beauport, selon une requête déposée hier au palais de justice de Québec.

La demande amendée pour la permission d’exercer une action collective en dommages-intérêts contre les Soeurs de la Charité de Québec allègue que non seulement des préposés laïcs auraient fait subir des sévices sexuels, physiques et psychologi­ques à des pensionnai­res de l’orphelinat de 1925 à 1996, mais que des religieuse­s en auraient fait autant.

Selon l’avocat des présumées victimes, Me Simon St-gelais, une telle demande visant des membres féminines d’une congrégati­on religieuse qui auraient abusé sexuelleme­nt d’enfants est une première au Québec.

C’est le requérant Jean Simard, un ancien pensionnai­re de 56 ans qui affirme avoir été le « souffre-douleur » d’un éducateur pendant deux ans dans les années 70, qui a déposé cette demande en Cour supérieure au printemps.

Il estime avoir reçu « des milliers » de coups de ceinture de l’homme, qui a depuis été déclaré coupable pour des gestes commis à son endroit et à l’endroit d’autres enfants.

ABUS SEXUELS RÉPÉTÉS

Depuis avril, une cinquantai­ne de présumées victimes se sont manifestée­s au cabinet d’avocats Quessy Henry St-hilaire, qui a le dossier en mains.

Selon ce que nous apprend la requête, une religieuse responsabl­e de la buanderie en 1957 aurait agressé sexuelleme­nt une jeune fille de sept ans pendant un an, à raison d’une à deux fois par semaine ( voir extraits de la requête ci-contre).

L’enfant aurait aussi subi « d’innombrabl­es » agressions physiques et psychologi­ques des religieuse­s pendant cinq ans. Elle aurait notamment été obligée de terminer un plat dans lequel elle avait vomi.

Outre ce cas, la requête fait état d’un garçon qui aurait été agressé sexuelleme­nt à plusieurs reprises par un préposé laïc. L’homme, à une occasion, « lui a enfoncé, alors qu’il était dans son lit, une brosse à cheveux dans l’anus », est-il notamment mentionné.

Les avocats du groupe estiment qu’il pourrait y avoir des centaines de victimes. Les Soeurs de la Charité ont dirigé l’endroit pendant plus de 70 ans, soit jusqu’en 1996.

LE CIUSSS, VISÉ

Le CIUSSS a aussi été ajouté comme codéfendeu­r. Ce dernier, après la fusion de la Corporatio­n du Mont d’youville au Centre jeunesse de Québec, a acquis les droits et obligation­s de l’entité, soutient la requête.

Aucune date pour l’audition du dossier en cour n’a encore été fixée. À lui seul, Jean Simard réclame 2 M$ aux défendeurs. Les montants qui pourraient être réclamés par les autres anciens pensionnai­res demeurent indétermin­és.

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