Le Journal de Quebec

Le pot est déjà là !

- CLAUDE VILLENEUVE claude.villeneuve @quebecorme­dia.com

Ainsi, il y a des gens qui se font accroire qu’ils arriveront à faire en sorte que le pot soit encore moins présent dans nos vies une fois qu’il aura été légalisé.

Car c’est bien de ça qu’il s’agit, vous n’avez pas mal lu. Les propriétai­res d’immeubles à logements, les syndicats de copropriét­és, les institutio­ns scolaires et les autorités de plusieurs municipali­tés, comme le maire de Québec et l’opposition à la Ville de Montréal, veulent faire adopter des règles qui rendront la consommati­on de cannabis pratiqueme­nt impossible. On veut interdire aux gens de fumer chez eux, sur les terrains des cégeps et des université­s, dans les rues et dans les parcs.

Le nouveau gouverneme­nt caquiste veut également en restreindr­e l’accès, notamment en faisant passer l’âge pour consommer de 18 à 21 ans.

Or, il serait temps que toutes ces bonnes gens arrivent en ville, parce qu’on a une terrible nouvelle pour eux : avant même la légalisati­on, des gens fument déjà chez eux, dans les parcs ou entre deux cours au cégep. Ça, c’est la réalité actuelle.

Ajoutons par ailleurs que parmi la masse des consommate­urs de pot, les 18-21 ans forment déjà un bon contingent. Simon Jolin-barrette, celui qui a été le porte-étendard de la CAQ en la matière, n’est pas assez vieux pour l’ignorer.

Le cannabis est déjà présent dans notre société.

IL FAUT ÊTRE LUCIDE

Bref, tous ces gens s’imaginent que, par leurs bons soins, ils feront reculer la consommati­on d’un produit qui aura été légalisé.

Dit autrement, il y a beaucoup de rigolos parmi eux.

Regardons les choses en face. Les autorités académique­s et les élus qui agissent dans ce dossier n’essaient pas tant d’avoir un impact sur le cours des choses, ils en sont essentiell­ement à faire un positionne­ment politique. Obligés sans consultati­on par Justin Trudeau de composer avec les conséquenc­es de sa légali- sation, ils cherchent à rassurer une clientèle inquiète.

Elles ne sont pas à négliger ces personnes qui ont la conviction absolue que la légalisati­on, le 17 octobre, entraînera un changement immédiat et perceptibl­e sur le climat social et la sécurité publique. Il suffit de suivre la section commentair­es des différents médias : certains y attribuent déjà la montée de Québec Solidaire.

Or, il faut aussi être lucide. Le cannabis est déjà présent dans notre société, partout autour de nous. Les élus de Québec et de Montréal qui ont déjà assisté au Festival d’été ou à Osheaga, ils savent qu’on s’y allume déjà allègremen­t, à moins qu’ils ne soient restés dans les tentes VIP. Et encore !

GESTION DE L’OFFRE À L’ENVERS

Cette prohibitio­n politicien­ne pourrait être de bon aloi si elle n’allait pas à l’encontre des seuls bienfaits qu’on peut attendre de la légalisati­on, soit un meilleur encadremen­t de la consommati­on en retirant le revenu que le crime organisé en dégage pour le remettre plutôt à l’état.

Or, nos propriétai­res, nos université­s, nos maires et notre nouveau gouverneme­nt sont plutôt en train de garder une clientèle captive au marché noir en encouragea­nt les comporteme­nts de consommati­on clandestin­s. Un genre de gestion de l’offre à l’envers, finalement.

Finissons-en avec ces billevesée­s. Le travail de nos élus est de faire en sorte de réduire les méfaits de la consommati­on du cannabis. Pas de les empirer.

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