Le Journal de Quebec

Retombées politiques et défis de L’AEUMC

- PIERRE MARTIN @Pmartin_udem

Il est de bon ton de dire que Justin Trudeau et ses négociateu­rs se sont fait passer à la moulinette par Donald Trump dans la renégociat­ion de L’ALENA, mais le Canada ne s’en est pas trop mal tiré, même si plusieurs défis subsistent.

Les gains du Canada ont été modestes, mais comparés à un échec des négociatio­ns, l’entente imparfaite désormais appelée AEUMC est un gain non négligeabl­e.

Personne ne peut se reposer sur ses lauriers, cependant. Les défis demeurent nombreux. Trump peut se pavaner Politiquem­ent, Donald Trump sort gagnant de ces négociatio­ns. À la veille des élections de mi-mandat, il avait besoin d’une victoire, il l’a eue et il la célèbre à grands coups d’hyperboles.

C’est pour pouvoir se vanter d’avoir réinventé la roue qu’il insistait pour que L’ALENA change de nom. Il n’y a toutefois que les trumpistes inconditio­nnels qui croiront qu’il a transformé le « pire deal de l’histoire » en la plus formidable entente commercial­e jamais conclue. De toute façon, l’enjeu est secondaire pour la plupart des électeurs et peu de votes changeront d’ici au 6 novembre sur cette base.

Trump avait de bonnes raisons électorali­stes d’insister sur l’industrie laitière. Celle-ci est concentrée au Wisconsin, un État baromètre qu’il tient mordicus à conserver en 2020. Si le gouverneur républicai­n Scott Walker remonte la pente et est réélu le 6 novembre, il aura une grosse dette envers Trump.

VERS LE DÉFI CHINOIS

Dans une perspectiv­e plus globale, Donald Trump avait besoin d’un accord pour valider son approche d’intimidati­on commercial­e, même si les menaces théâtrales qu’il profère dans ses assemblées partisanes et ses tweets ont peu d’écho aux tables de négociatio­n.

D’ici 2020, le président s’appuiera sur le succès de L’AEUMC pour justifier sa ligne dure envers la Chine, le principal défi de sa politique commercial­e. Par contre, même si les Chinois ont plus à perdre que les Américains d’une guerre commercial­e, Xi Jinping a une qualité qui fait défaut à son homologue américain : la patience.

NE PAS OUBLIER LES PERDANTS

Pour le Canada, L’AEUMC n’est pas une catastroph­e, mais Justin Trudeau serait imprudent d’imiter Donald Trump en déguisant sa victoire à l’arraché en triomphe.

Les producteur­s canadiens d’acier et d’aluminium n’ont pas obtenu le traitement de faveur qu’ils espéraient, mais il était illusoire de croire que Trump abandonner­ait son fétichisme des tarifs. En attendant l’après-trump, il faudra maintenir les pressions internatio­nales dans ce dossier.

Les concession­s dans le domaine laitier sont un gros problème pour le Québec, mais un échec global aurait été encore plus coûteux. Les libéraux ont sacrifié le lait québécois pour les autos ontarienne­s, mais les conservate­urs auraient-ils fait autrement ?

Pour le gouverneme­nt Trudeau, le défi sera d’aider l’industrie laitière à prospérer face à la concurrenc­e nord-américaine, dans l’intérêt des producteur­s et des consommate­urs. Quant au nouveau gouverneme­nt du Québec, il gagnerait à appuyer cette transition plutôt que de chercher à retirer du bénéfice politique en gardant les yeux rivés sur le rétroviseu­r.

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