Desjardins change de cap et misera aussi sur le cannabis
L’analyse des investissements se fera « au cas par cas », dit une V.-P. du mouvement
Après avoir exclu d’investir dans le cannabis récréatif, le Mouvement Desjardins change de position et misera sur ce secteur en pleine croissance.
« Ce sera une analyse au cas par cas », a confirmé hier au Journal la vice-présidente à la gouvernance et au développement durable de Desjardins, Pauline D’amboise.
Avec la légalisation de la consommation du cannabis à des fins récréatives le 17 octobre prochain au pays, le Mouvement Desjardins dit maintenant suivre « l’évolution de l’industrie et de ses tendances ».
Avec une valorisation boursière de près de 45 milliards $, l’industrie canadienne du cannabis compte dans ses rangs les plus gros producteurs au monde, dont le géant ontarien Canopy Growth et le québécois HEXO.
À pareille date l’an dernier, le PDG de Desjardins, Guy Cormier, avait pourtant affirmé n’avoir pas d’intérêt pour le secteur du cannabis.
« Nous n’avons aucune ouverture pour l’industrie du cannabis. Cette activité n’est pas non plus dans nos plans », avait lancé le grand patron de Desjardins en marge d’une allocution au Forum FinTech à Montréal.
M. Cormier disait ne pas porter un jugement sur ce secteur, mais que son institution financière avait simplement fait le choix de ne pas s’intéresser à l’industrie du cannabis.
Le Mouvement Desjardins soutient que ce changement de cap touche ses quatre unités d’affaires.
« On ne parle pas ici seulement de placements. On recherche une cohérence avec notre mission et nos valeurs, notamment du côté de notre division assurance », a laissé entendre Mme D’amboise.
Tant pour l’assurance de personne que celle de l’habitation, Desjardins mettra à jour ses formulaires pour y inclure des questions sur la consommation de cannabis.
Comme pour les fumeurs de produits de tabac, les assurés de Desjardins qui consomment du cannabis devront déclarer « les bonnes informations ».
Desjardins dit avoir développé par ailleurs une politique « très prudente » afin d’accompagner ses clients dans l’évolution de l’industrie du cannabis.
Pour ses employés, Desjardins affirme que ce sera « tolérance zéro » auprès de ses 45 000 employés au pays en ce qui a trait à la consommation et l’usage sur les lieux de travail.
LES BANQUES FINANCENT
Depuis quelques mois, les banques et les assureurs canadiens sont de plus en plus présents dans le secteur du cannabis.
La Banque de Montréal (BMO) a convenu en juin dernier d’une ligne de crédit pouvant aller jusqu’à 250 millions $ avec le producteur Aurora Cannabis de l’alberta. Aurora prévoit produire 100 000 kilos de cannabis par année.
En mai dernier, Aurora a annoncé l’acquisition du producteur ontarien Medreleaf pour 3,2 milliards $.
Aurora et Medreleaf fourniront à la Société québécoise du cannabis (SQDC) plus de 13 000 kilos de cannabis par année sur trois ans pour ses magasins québécois.