Le Journal de Quebec

Les finances et les minorités

- RÉMI NADEAU Chef du Bureau parlementa­ire à Québec

Le discours d’adieu de Philippe Couillard a démontré à quel point son legs politique est concentré sur deux éléments chers à ses yeux : la gestion serrée des finances publiques ayant permis de dégager des marges de manoeuvre, et la défense sans réserve des droits des minorités.

Avec une évidente conviction, il a plaidé que « l’assemblée nationale doit protéger leurs droits plutôt que les restreindr­e », ajoutant encore que « la majorité n’a pas tous les droits ». Pour lui, il ne s’agit pas d’un enjeu parmi d’autres.

Si plusieurs observateu­rs se sont questionné­s quant aux motifs qui l’ont incité à diriger le Québec, c’est à croire que cette bataille pour l’inclusion est devenue sa source de motivation.

À plusieurs reprises durant le marathon électoral, le premier ministre sortant donnait l’impression de mener sa campagne sans vigueur, comme si, quelque part, il était déjà ailleurs.

Lors de sa visite sur le plateau de Tout le monde en parle, plutôt que de chercher à marquer de précieux points devant un large auditoire, ennuyé, il semblait se prêter au jeu à contrecoeu­r, uniquement par obligation.

ÉTINCELLE

Par contre, depuis son mi-mandat, chaque fois que des adversaire­s ont évoqué une diminution du nombre d’immigrants à accueillir au Québec, animé d’une soudaine étincelle Philippe Couillard répliquait avec de farouches attaques teintées d’excès.

Sa plus mémorable accusation à l’endroit de François Legault étant celle de « souffler sur les braises de l’intoléranc­e ».

« DÉCONNEXIO­N »

Pourtant, même dans la famille libérale, certains admettent qu’il y a là une des raisons expliquant la « déconnexio­n » entre le PLQ et l’électorat francophon­e.

« Je comprends ses valeurs, je suis partisan de cette ouverture et de cette diversité, mais on a manqué d’équilibre dans notre façon de parler, dans notre discours, et ça nous a nui », a par exemple confié un candidat libéral.

Doté d’une vive intelligen­ce cartésienn­e, c’est l’intelligen­ce émotionnel­le qui a fait défaut à Philippe Couillard pour comprendre le pouls des Québécois...

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