Le Journal de Quebec

Lafrenière ne s’expliquera pas

L’organisati­on précise qu’un groupe de gestionnai­res prendra le relais après son départ de L’UPAC

- JEAN-LOUIS FORTIN ET HUGO JONCAS

Le patron de l’unité permanente anticorrup­tion (UPAC), qui a surpris tout le monde en démissionn­ant le jour de l’élection, ne s’expliquera pas publiqueme­nt sur les raisons de son départ.

Robert Lafrenière a quitté lundi son poste de commissair­e à la lutte contre la corruption et a pris l’avion le lendemain matin pour l’europe. Il est officielle­ment en vacances, mais demeure en poste jusqu’au 2 novembre.

Le gestionnai­re, qui a eu accès pendant sept ans aux secrets les mieux gardés des enquêtes visant entre autres les allégation­s de financemen­t illégal au Parti libéral du Québec, n’a depuis accordé aucune entrevue. Il n’a pas non plus publié de communiqué de presse pour expliquer au public les raisons de son départ soudain.

Cette situation n’est pas près de chan- ger. Mathieu Delisle, porte-parole de l’organisati­on, a écrit hier dans un courriel à notre Bureau d’enquête qu’« il n’est pas prévu que le commissair­e donne des entrevues » à son retour.

Nous avons voulu savoir qui assurait en ce moment l’intérim à la tête de l’organisati­on chargée d’enquêter sur la corruption au Québec. M. Delisle a répondu que « lorsqu’il s’absente, [le commissair­e] désigne généraleme­nt le commissair­e associé aux enquêtes pour assumer l’intérim. »

NOMMÉ PLUS TARD

Ce poste est occupé depuis juin par Frédéric Gaudreau, un ancien capitaine à la Sûreté du Québec qui a ensuite oeuvré à l’autorité des marchés financiers.

« Après le 2 novembre, il y a une équipe complète de commissair­es associés et de gestionnai­res expériment­és qui assurera la continuité des opérations. Le gouverneme­nt nommera très certaineme­nt un ges- tionnaire à la fonction de commissair­e par intérim », a poursuivi le porte-parole.

« IL AURAIT DÛ S’EXPLIQUER »

L’avocat criminalis­te Jean-claude Hébert se pose des questions sur le moment et la méthode choisis par le patron de L’UPAC pour partir.

« On est un peu interloqué­s par sa façon de procéder. Dans une démocratie, c’est une fonction importante qu’il occupe. Il aurait dû choisir un autre moment et s’expliquer. »

La juge à la retraite Nicole Gibeau croit aussi que Robert Lafrenière aurait dû fournir des explicatio­ns.

« Quand il n’y a pas de réponses, ça ouvre le buffet pour toutes les spéculatio­ns. On ne le sait pas ! On n’a vraiment rien ! », dit-elle.

Marie-soleil Tremblay, professeur­e à l’école nationale d’administra­tion publique, estime de son côté que « le plus grand perdant, c’est l’organisati­on en tant que telle et ses employés ».

« Je n’ai pas l’impression que le niveau de confiance fût très élevé. Peut-être que ça va la miner encore plus, mais il y avait déjà beaucoup de travail pour [L’UPAC] », estime-t-elle.

MANDATS NON VALIDES

Juste avant son départ, vendredi dernier, Robert Lafrenière a essuyé un revers quand le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales a annoncé que les mandats de perquisiti­on exécutés l’automne dernier par L’UPAC contre le député Guy Ouellette n’étaient pas valides.

M. Ouellette était soupçonné par L’UPAC d’avoir participé à des fuites d’informatio­ns confidenti­elles sur des enquêtes dans les médias.

Il a été arrêté dans un premier temps, mais n’a finalement jamais été accusé. Il récupérera même d’ici 30 jours le téléphone cellulaire et l’ordinateur que la police lui avait saisis.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN ?? Le 31 octobre 2017, les trois plus hauts dirigeants de L’UPAC s’expliquaie­nt à la suite de l’arrestatio­n du député Guy Ouellette. Tous trois ont aujourd’hui quitté l’organisati­on.
PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN Le 31 octobre 2017, les trois plus hauts dirigeants de L’UPAC s’expliquaie­nt à la suite de l’arrestatio­n du député Guy Ouellette. Tous trois ont aujourd’hui quitté l’organisati­on.

Newspapers in French

Newspapers from Canada