« Révolution » pour les grands brûlés
Un nouveau traitement a été développé à Québec
Des chercheurs de Québec ont trouvé comment cultiver en laboratoire une peau de meilleure qualité capable de faire la différence entre la vie et la mort dans le cas des personnes gravement brûlées.
Les chercheurs du Laboratoire en organogénèse expérimentale de l’université Laval (LOEX) affilié au CHU de Québec ont présenté, hier, les résultats de leurs travaux menés depuis huit ans et publiés récemment dans la revue scientifique European Cells and Materials (ECM) Journal.
L’équipe de scientifiques est parvenue à cultiver en laboratoire, à partir des cellules de patients brûlés, des greffons de peau « bilamellaires » constitués de l’épiderme et du derme profond, les deux premières couches de la peau humaine. Un seul prélèvement de la surface d’un 2 dollars suffit à recueillir les cellules nécessaires.
UN MONDE DE DIFFÉRENCE
Pour les personnes très gravement brûlées, ce peut être un monde de différence avec les méthodes utilisées jusqu’à maintenant. En effet, dans leur cas, la technique qui consiste à prélever de la peau saine pour couvrir les plaies a ses limites.
Or, les laboratoires capables de cultiver la peau en laboratoire ne savaient que reproduire la première couche de la peau, soit l’épiderme, ce qui n’est pas suffisant pour traiter les brûlures les plus profondes.
« J’AI ÉTÉ BÉNI »
Jusqu’à présent, 14 patients très grandement brûlés ont été soignés avec succès. L’un d’eux, Luc Turcotte, a été ébouillanté sur 90 % de son corps dans un terrible accident de travail en 2013 dans une usine de fabrication de cartons à Jonquière. Il considère que la fabrication des tissus bilamellaires lui a sauvé la vie.
« J’ai été béni », dit l’homme qui a depuis retrouvé une vie presque normale, si ce n’est de la fatigue qui l’accable encore.
Pour le Dr François A. Auger, directeur du LOEX, cette méthode confirme l’expertise de Québec en génie tissulaire. « Si on doit être un très grand brûlé dans la ville de Québec, c’est le meilleur endroit en Amérique du Nord », lance-t-il.
Les chercheurs mènent maintenant un essai clinique pancanadien qui pourra profiter aux grands brûlés du pays. Ils espèrent conclure l’étude d’ici trois ans.