Le Journal de Quebec

Le beau qui ressort du deuil

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Jeudi dernier était l’anniversai­re du décès de Clément Ouimet, ce jeune cycliste qui était aussi l’amoureux de ma fille. Je ne veux pas revenir sur les événements qui ont mené à sa mort. Mais je veux vous dire qu’il y a aussi du beau qui peut ressortir d’une situation tragique. Quand ce triste accident est survenu, notre réflexe a été de nous rassembler autour de la famille de Clément. Je n’ai jamais été témoin d’autant d’amour pur. C’était fascinant de voir tous ces gens essayer d’apaiser la douleur de la famille, tout en étant conscients de leur impuissanc­e.

Ce que je constate, c’est que ce deuil nous a unis pour la vie. J’écrivais cet été que la famille, ce n’est pas juste un lien de sang, mais aussi un lien d’amour. Le départ de Clément nous a apporté ça : un besoin d’être ensemble pour se soutenir dans les épreuves de la vie. Chaque jour, je me rappelle qu’il ne faut pas tenir pour acquis ces moments qu’on partage ensemble.

Quand une tragédie survient, le réflexe humain est d’y chercher un sens. Mais si vous me permettez de partager mon expérience, j’aimerais vous dire que ça ne sert à rien de trop poser de questions. C’est ça, la beauté de la vie : les réponses finissent toujours par arriver quand on s’y attend le moins.

De mon côté, je crois profondéme­nt à la vie après la mort. Je crois que cette vie n’en est qu’une parmi plusieurs qui me mèneront tranquille­ment vers un autre niveau de conscience. Tant qu’à ne pas savoir ce qu’on fait ici, pourquoi ne pas alimenter cette croyance ?

IL FAUT DIRE AU REVOIR

Il m’est arrivé un truc cet été. Je ne suis pas sûr que je devrais partager ça, je vais peut-être passer pour un fou… Mais comme je suis un livre ouvert, je vais vous laisser juger.

Janick, une sage femme que je consulte souvent et qui a changé ma vie, m’a dit que ça ne sert à rien de s’accrocher trop longtemps à ceux qui nous ont quittés. Elle m’a dit que ça ne fait que retenir l’âme de ces gens sur Terre alors que leur place n’est plus ici.

À travers Janick, j’ai dit au revoir à Clément. Je lui ai dit à quel point je l’aimais et que j’étais heureux que nos destins se soient croisés. Janick est devenue très émue, elle m’a regardé avec plein de tendresse et m’a dit : « Il te fait dire au revoir et il t’aime bien lui aussi ». Elle s’est mise à pleurer et à me décrire celui qu’elle avait vu. Aucun doute, c’était Clément.

APPRIVOISE­R LA DOULEUR

Malgré les mois qui ont passé, je réalise que c’est une blessure qui guérit mal. L’hémorragie a cessé, mais la plaie reste ouverte. J’appréhenda­is le triste anniversai­re du départ de Clément parce que j’avais peur de voir la tristesse sur les visages de ses proches et de ma fille. Comme si, au contraire de ce qu’on dit, le temps ne réparait pas vraiment les choses.

On s’est réunis et, à ma grande surprise, le tout s’est fait dans la légèreté. Évidemment, je sais que la douleur sera toujours présente, mais ça m’a rassuré de voir que chacun avait trouvé une façon de l’apprivoise­r.

Le sourire sur les lèvres des gens était magique. Il semblait dire : « Je ne sais pas quel fut ton chemin, mais je suis content de voir que tu vas mieux aussi. »

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