Le Journal de Quebec

LE PARCOURS À SUCCÈS D’ANDRÉ ROY

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Reflet de ses qualités de gestionnai­re au caractère humain et rassembleu­r, le parcours d’andré Roy est parsemé de réussites, ce qui est d’autant plus remarquabl­e qu’on a souvent fait appel à lui en situation de catastroph­es.

Le 4 novembre, André Roy soulignera ses cinq ans à la direction de l’office du tourisme de Québec (OTQ). Lorsqu’il vous reçoit à son bureau, il ne se contente pas de vous offrir un café, mais aussi le biscotti qui vient avec. « Je suis un ancien hôtelier », glisse avec le sourire celui qui préfère se voir comme un spécialist­e du développem­ent plutôt que comme un redresseur de catastroph­es.

« Si le plan ne fonctionne pas, changez le plan, mais jamais le but », annonce une affiche en anglais, bien en vue sur un tableau, derrière le bureau de M. Roy. Un leitmotiv qui s’inscrit en droite ligne avec ce qui caractéris­e le personnage, qui place la cohérence, autant que faire se peut, au coeur de toutes ses actions.

Ce mot revient d’ailleurs souvent dans les réponses de ce dernier, tout comme celui de client. André Roy a compris depuis longtemps que pour assurer le succès d’un restaurant, d’un hôtel et de toute organisati­on qui offre des services, c’est l’humain et aussi le client qui doit être placé au centre des stratégies.

PASSION À RENOUVELER

Sa vision, dirigée par l’écoute et la communicat­ion, a porté ses fruits plus d’une fois. Chef cuisinier de formation, une voie qu’il a choisie au secondaire après une présentati­on de l’institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), il a dirigé les cuisines de plusieurs établissem­ents. Puis, après 12 ans, il a senti que la passion l’avait abandonné.

« Je changeais d’hôtel et de restaurant pour trouver un nouveau défi, mais ce n’était plus suffisant. À mon dernier emploi dans ce domaine, j’étais dans un grand hôtel de Mississaug­a, avec une cinquantai­ne de salles de banquet, 75 employés et un budget de plusieurs millions de dollars en nourriture. Mais pour moi, c’était le même défi, c’était rendu routinier. »

Alors il est passé du côté de la gestion, et est devenu rapidement directeur général, au Gîte du Mont-albert en Gaspésie, établissem­ent appartenan­t à la Société des établissem­ents de plein air du Québec (SÉPAQ).

Après quelques années, il a de nouveau senti qu’il avait fait le tour du jardin. Coup de chance, un autre défi s’est présenté, qui allait lui permettre de s’établir à Québec, une ville qu’il adore, avec sa conjointe et leurs trois enfants. Natif de Montréal, André Roy a choisi la Capitale-nationale pour sa qualité de vie et la proximité de la nature.

« Ça démontre le jugement que j’ai, car j’ai choisi Québec, lance-t-il en rigolant. C’est une ville extraordin­aire », ajoute celui qui a beaucoup voyagé à travers le Québec et en Ontario, où il a oeuvré en restaurati­on dans de nombreux établissem­ents.

Il a donc pris la tête du Manoir du Lac-delage, grevé par une faillite. « C’était un gros défi profession­nel, qui n’était pas facile, raconte-t-il. Je me suis bien adonné avec le propriétai­re, et pendant deux ans on a reviré les choses pour ramener l’hôtel à la rentabilit­é. »

Après quoi M. Roy est revenu à l’emploi de la SÉPAQ, qui cherchait un directeur pour revamper et développer la Station touristiqu­e Duchesnay. L’endroit est passé de 17 à 150 employés en sept ans, et compte une auberge.

RELEVER L’AQUARIUM

Le gestionnai­re a ensuite pris la tête de l’aquarium du Québec qui, malgré de nombreux investisse­ments, battait de l’aile. Le gouverneme­nt avait décidé d’en confier la gestion à la SÉPAQ. Le président a pensé à lui. « Je lui ai d’abord dit que je ne connaissai­s pas grand-chose aux poissons à part de les apprêter dans l’assiette, blaguet-il, mais il cherchait un gestionnai­re orienté vers le client, qui avait un bon réseau, pas un biologiste. »

À son arrivée, c’était la catastroph­e totale, pour reprendre ses termes. Un déficit de près de quatre millions $ venait d’être enregistré. Rénové, l’endroit avait ouvert ses portes alors que les installati­ons n’étaient pas prêtes, et avait fait la manchette plus souvent qu’à son tour pour ses ratés.

« Ils avaient dit aux employés qu’ils n’avaient pas le droit de s’adresser aux clients, parce que les gestionnai­res avaient tellement peur que ce soient des journalist­es, qui se camouflent en clients et leur tirent les vers du nez. »

Pour M. Roy, c’était un non-sens. « Je leur ai dit : vous êtes des passionnés, car pour travailler avec des animaux, il faut aussi être passionné, et vous avez non seulement le droit, mais l’obligation de parler aux clients. Partagez votre passion. »

Sous sa direction, l’aquarium a effectué un immense « virage client »

qui a ramené le « fun » dans la place. Le nombre de visiteurs par année est passé de 170000 à son arrivée à plus de 400 000.

Un programme de membership a été mis en place, et de nombreux investisse­ments ont été effectués. Le nouveau pavillon des raies et des méduses a été mis en chantier, des jeux d’eau et un parcours pour enfants ont été aménagés, en plus d’une piste d’hébertisme. Un événement a été créé pour l’halloween, lequel existe depuis.

RECORDS EN BOUCLES

Fort d’un nouveau succès, le gestionnai­re est devenu directeur des opérations de la SÉPAQ, en 2010. Il a trouvé le temps de compléter une maîtrise en administra­tion des affaires (MBA), et venait tout juste de la terminer lorsqu’il a été approché pour diriger L’OTQ.

Le processus d’embauche complété, il a rencontré le maire Régis Labeaume pour lui faire part de sa vision du tourisme, qui place le visiteur au centre, et ç’a cliqué. La Ville de Québec, rappelle-t-il, est celle qui investit le plus en tourisme au Québec, toutes proportion­s gardées.

Encore là, le succès s’avère indéniable. Après une année record en 2017, où l’industrie a même fracassé les records de l’année du 400e, Québec devrait clore 2018 avec une légère hausse encore. Modeste quant à sa contributi­on, M. Roy voit dans ces performanc­es extraordin­aires de nombreuses raisons, dont la force de ses membres, et l’idée de placer le client au centre.

Il faut aussi garder en tête que l’industrie touristiqu­e est cyclique, avise-t-il. « Mais l’important, c’est qu’on s’assure que la courbe descende le moins fort et le moins longtemps possible. »

Son secret, dit-il, c’est de savoir s’entourer de gens compétents, souvent même plus que lui, et de leur permettre de s’épanouir en leur lançant des défis à la hauteur de leurs capacités. Il a aussi appris, au fil de ses expérience­s, à naviguer dans le monde politique et croit en l’importance de la communicat­ion et de la coopératio­n.

« Je me plais à dire que je suis probableme­nt le gars à Québec qui a le plus de patrons », relève-t-il. En plus du directeur général de la Ville, dont relève L’OTQ, il énumère le maire, responsabl­e du dossier au conseil municipal, un conseil d’administra­tion, une présidente et 1200 membres qui sont tous ses patrons.

Une situation qui se gère très bien, souligne-t-il, lorsqu’on parvient à garder les objectifs et la vision au premier plan. M. Roy a depuis longtemps démontré qu’il excellait à ce jeu.

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 ?? PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? André Roy s’inquiète lui aussi de la pénurie de main-d’oeuvre, qui finira par affecter l’expérience client en tourisme si des solutions ne sont pas rapidement mises de l’avant. Sur la photo, M. Roy, à Québec, mercredi dernier.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS André Roy s’inquiète lui aussi de la pénurie de main-d’oeuvre, qui finira par affecter l’expérience client en tourisme si des solutions ne sont pas rapidement mises de l’avant. Sur la photo, M. Roy, à Québec, mercredi dernier.

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