Le Journal de Quebec

Les écrans de téléphone à l’origine d’un nouveau fléau

De plus en plus de jeunes sont victimes de sécheresse oculaire

- ELISA CLOUTIER

Des optométris­tes sonnent l’alarme face à la sécheresse oculaire, un problème « grave » et « sous-estimé » qui peut mener à une perte de vision et qui touche de plus en plus de jeunes.

Selon les plus récentes statistiqu­es, près de 30 % de la population est affectée par ce fléau. Mais ces chiffres ne représente­raient que la pointe de l’iceberg, estime l’optométris­te spécialisé­e en la matière, Manon Sévigny. « Ce n’est pas très représenta­tif puisqu’encore trop peu d’optométris­tes se penchent sur la problémati­que », indique-t-elle.

Ce qui étonne les spécialist­es, c’est qu’ils observent des symptômes liés à la sécheresse oculaire sur des jeunes, dont certains âgés d’à peine 8 ans, alors qu’ils n’étaient auparavant que constatés chez des personnes âgées.

Selon les experts, l’usage des téléphones intelligen­ts et des tablettes en est la principale cause. « Devant un écran, le nombre de clignement­s par minute baisse à 4, alors que normalemen­t, c’est 16 », explique la Dre Sévigny.

PROBLÈME CHRONIQUE

Résultat, les glandes lacrymales s’atrophient, ce qui peut causer d’importants dommages, dont l’irritation de la cornée, pouvant même mener à une perforatio­n de celle-ci ou une perte de la vision. « Quand on cligne des yeux, nous avons des glandes le long des cils qui produisent une huile, qui empêche les larmes de s’évaporer. Si on ne cligne pas, les glandes ne peuvent pas sécréter et les larmes s’évaporent plus rapidement », explique Langis Michaud, professeur à l’école d’optométrie de l’université de Montréal.

« Auparavant, on le voyait [les glandes atrophiées] uniquement chez des personnes âgées. Maintenant, on le voit sur des patients de 24-25 ans, qui ont la moitié des glandes déjà atrophiées », s’inquiète-t-il.

Même s’il peut paraître banal, le problème n’est pas à prendre à la légère, estiment les optométris­tes. « La sécheresse oculaire, c’est chronique. Si on arrête le traitement, c’est certain que ça va revenir. C’est clair qu’on ne peut pas guérir. Une fois qu’on en est atteint, on peut juste améliorer les symptômes », affirme le Dr Michaud.

« C’est tellement un problème grave que l’appareil pour visualiser les glandes [lacrymales] devrait être un appareil standard dans nos salles d’examen », ajoute la Dre Sévigny.

GARE AUX LARMES ARTIFICIEL­LES

Les spécialist­es mettent aussi en garde contre les larmes artificiel­les en vente libre, qui peuvent contenir des agents de conservati­on néfastes aux yeux secs. « Ce n’est pas une bonne idée de s’automédica­menter », insiste le Dr Michaud.

« De façon générale, si ça dit que ça enlève la rougeur de l’oeil, ce n’est pas une bonne idée de prendre ça », donne-t-il en exemple.

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Âgée de 8 ans, Léa-maude Vallières a récemment débuté un traitement pour contrôler ses symptômes de sécheresse oculaire. « Elle avait une bosse inquiétant­e sur l’oeil. On nous a dit que c’était possibleme­nt un de ses canaux qui était bloqué et qu’il fallait intervenir pour éviter une chirurgie », explique sa mère, Marie-noëlle Bourque, qui en est aussi atteinte depuis plusieurs années. Ci-dessus, on voit LéaMaude se faire examiner par l’optométris­te Manon Sévigny.
PHOTO STEVENS LEBLANC Âgée de 8 ans, Léa-maude Vallières a récemment débuté un traitement pour contrôler ses symptômes de sécheresse oculaire. « Elle avait une bosse inquiétant­e sur l’oeil. On nous a dit que c’était possibleme­nt un de ses canaux qui était bloqué et qu’il fallait intervenir pour éviter une chirurgie », explique sa mère, Marie-noëlle Bourque, qui en est aussi atteinte depuis plusieurs années. Ci-dessus, on voit LéaMaude se faire examiner par l’optométris­te Manon Sévigny.

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