L’extrême droite largement en tête au premier tour
Le candidat controversé Jair Bolsonaro a récolté plus de 48 % des voix
RIO DE JANEIRO | (AFP) Le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro arrive en tête du premier tour de la présidentielle au Brésil avec 48,12 % des voix, selon des premiers résultats partiels, et affrontera au deuxième tour le candidat de la gauche, Fernando Haddad (26,9 %).
Ces premiers résultats, annoncés par le Tribunal supérieur électoral (TSE) portent sur le dépouillement de 72 % des urnes. Ils ont été accueillis avec une grande déception par les partisans de Bolsonaro, qui voit apparemment s’évanouir ses chances d’être élu dès le 1er tour.
Les Brésiliens ont voté en masse pour lui hier, portés par l’espoir d’un changement dans ce pays en crise.
Des quartiers chics de Sao Paulo aux favelas de Rio de Janeiro, 147 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes dans ce pays, où le vote est obligatoire. Tous ont exprimé l’espoir que ce scrutin apporte le « changement » dans un Brésil rongé par une crise économique et poli- tique aiguë, une violence endémique et d’innombrables scandales de corruption.
Pour nombre d’entre eux, le candidat de l’extrême droite Jair Bolsonaro, 63 ans, est apparu comme l’homme de la situation.
« Le Brésil veut du changement », a déclaré Roseli Milhomem, dans un bureau du centre de Brasilia, où elle a voté pour l’ex-militaire. « On en a assez de la corruption. »
PHÉNOMÈNE
Ex-capitaine de l’armée, Jair Bolsonaro, devenu un phénomène électoral depuis qu’il a frôlé la mort dans un attentat le 6 septembre, a voté en début de matinée à Rio.
« Ça va se terminer aujourd’hui », a-t-il assuré devant des journalistes. « Le 28 [octobre, date du deuxième tour], on va à la plage! » Un scénario qui fait trembler les démocrates dans le grand pays latino-américain, mais que certains analystes n’ex- cluaient pas.
Député pendant 27 ans, ce catholique proarmes qui admire le président américain Donald Trump n’a jamais été impliqué dans une affaire de corruption et ses électeurs se recrutent dans toutes les couches sociales, et parmi les jeunes.
Bolsonaro, qui a cultivé une image d’outsider malgré sa longue carrière politique, a aussi prospéré sur un fort sentiment anti-pt, le Parti des travailleurs de l’ex-président de gauche Lula.
« GRAND RISQUE »
Une partie de la population juge le PT responsable de tous les maux du pays, où la crise économique a fait près de 13 millions de chômeurs.
Le candidat du PT Fernando Haddad, 55 ans, principal rival de Bolsonaro, a voté à Sao Paulo, ville dont il fut maire. « Le Brésil court un grand risque de fouler au pied 30 ans de conquêtes » sociales et démocratiques, a-t-il averti.